L'un en blouse blanche, l'autre en combinaison, tous les vétérinaires approchés et qui travaillent dans des cabinets privés, dans plusieurs régions à vocation avicole, insistent tour à tour sur le fait que « certains oiseaux migrateurs venant d'Asie font escale en Roumanie et gagnent avant l'hiver notre pays. » Ils soulignent dès lors, « la nécessité de procéder à des analyses virologiques, afin de vérifier la présence ou non du virus de grippe aviaire dans nos élevages. » Pour ce faire, il faudra recueillir des prélèvements sanguins et des prélèvements de volailles pour vérifier la présence ou non du virus. Parmi ces vétérinaires, le Docteur Lyes, spécialiste en pathologie aviaire, indique que « les cartes de migrations d'oiseaux font apparaître que le risque immédiat de contamination des populations aviaires en Algérie par des oiseaux migrateurs en provenance de Roumanie et de Turquie est réel. » Ce spécialiste estime que « le cycle de l'infection de la grippe aviaire, qui se développera chez les volailles cet hiver, ne sera pas stoppé. Les dindes infectées de Turquie auraient contracté la grippe au contact d'oiseaux migrateurs en provenance de Russie où sévit la maladie. Notre pays étant situé sur le trajet des oiseaux migrateurs, notre interlocuteur préconise de mettre en place des programmes de surveillance. » Si les moyens de la surveillance sanitaire des oiseaux sauvages sont nuls, la marge de manœuvre étant très étroite, d'autres vétérinaires que nous avons interrogés recommandent aux éleveurs « d'éviter toute pratique favorisant la promiscuité entre oiseaux domestiques et oiseaux sauvages, telles que le nourrissage à l'extérieur des bâtiments. » Renforcer le dispositif Afin de renforcer le dispositif de lutte contre la grippe aviaire, les vétérinaires exhortent les professionnels de l'aviculture de « limiter l'accès de leurs élevages à des personnes étrangères à l'exploitation ainsi que les échanges de matériels. » Pour les élevages disposant d'un parcours extérieur, les éleveurs sont invités à ne pas nourrir, ni abreuver les animaux à l'extérieur. Pour les élevages fermés, « il est déconseillé d'abreuver les animaux et de nettoyer les bâtiments avec des eaux provenant de plans d'eau extérieurs », insiste encore un vétérinaire. Il reste une petite chance pour réduire, avant l'hiver, les risques d'infection : la vaccination des volailles. Le virus se transmet entre oiseaux sains et oiseaux contaminés principalement par contact direct, notamment avec les sécrétions respiratoires et les déjections des animaux infectés (vivants ou morts), mais aussi de façon indirecte par contact avec des surfaces ou matières contaminées (par l'intermédiaire de la nourriture, de l'eau, du matériel et des mains ou des vêtements souillés). Les animaux susceptibles de transmettre la grippe A (H5N1) sont essentiellement des volatiles : principalement poulets et canards. « Dans des pays comme le nôtre, note un vétérinaire, la vaccination des volailles est le seul moyen de réduire les risques d'infection dans le court laps de temps qui nous sépare de l'hiver. Cela implique des campagnes de vaccination massives, particulièrement chez les petits producteurs qui sont en contact étroit avec leurs animaux. » Ainsi les différentes recommandations recueillies se résument sur la nécessité de mettre en œuvre « un système de détection précoce et d'un plan de réponse rapide. » Mais cela suppose-t-il un financement conséquent ? « Investir aujourd'hui dans le contrôle de la grippe aviaire chez les animaux est peu coûteux comparé aux coûts d'une pandémie. Vaut mieux prévoir que guérir ! » dit-on.