La torpeur et l'apathie qui caractérisent habituellement les artères principales du Vieux Rocher ont été taillées en brèche par la cérémonie d'ouverture de la 3e édition du Festival national Aïssaoua baptisé Kharjet Sidi Rached. Une foule considérable était présente sur les lieux pour être sûre de ne pas rater une miette du spectacle haut en couleurs et en percussion offert avant terme par les neuf troupes en lice. Cinq cavaliers vêtus de burnous blancs et fièrement campés sur des montures parées de leurs plus beaux atours ont ouvert le cortège au milieu de milliers de personnes massées sur son passage, en plus des femmes et enfants agglutinés aux fenêtres et aux balcons des immeubles cossus de la place de la Pyramide et de l'avenue Abane Ramdane. Forts de ce soutien populaire, les troupes s'en sont donné à cœur joie en s'évertuant à offrir, chacune dans son style, un spectacle où les tonalités particulières du karkabou se mêlent aux sons entraînants de la zorna et des bendirs. Même si le ton était donné par les troupes de tête représentant en l'occurrence la ville organisatrice et celle de Tlemcen, à l'applaudimètre la palme revient incontestablement au groupe El Ouasfane, de Oued Souf, placé en queue de cortège. En dépit de cette position de lanterne rouge, les représentants de Oued Souf ont chauffé à blanc un public séduit et captivé par leurs pas de danse, leur enthousiasme et l'étonnante et inégalable dextérité, dont ils ont fait preuve dans le maniement des karkabous et des tambourins. Tout au long de l'itinéraire emprunté par le cortège, l'accueil était chaleureux, réservé à la troupe annabie Ichrak Bona et à celles de Souk Ahras et Aïn Beïda, les premières à se produire sur la scène de la maison de la culture Mohamed Laïd El Khalifa où se tient le festival aïssaoua. Une deuxième acte marqué par une assistance des grands jours, signe évident que les Constantinois sont particulièrement sensibles au genre aïssaoua, pérennisé au Vieux-Rocher par l'éclosion d'une dizaine de troupes, dont l'association Etarika El Aïssaouia, l'association El Hadra, Rachidia El Aïssaouia, Abna Etarika, l'association Djoussour pour ne citer que ces quelques troupes dépositaires d'un savoir-faire ancestral.