Reléguée au second plan dans les débats publics à Constantine, la question des glissements de terrain reviendra sans doute pour réoccuper l'espace, à la faveur de l'exposé final que devra présenter en novembre SIMECSOL, le bureau français en charge de l'étude du phénomène. Des informations qui ont filtré sur le contenu du rapport évoquent des constats plus qu'alarmants et au-delà des prévisions, notamment pour la zone C englobant, entre autres, la cité Boussouf, qui semble irrémédiablement affectée. Cette nouvelle donne qui suscite une peur palpable chez les responsables de l'urbanisme amène leur directeur, M. Koutchoukali, à envisager l'évacuation de la population, bien entendu si le rapport recommande le recours à cette mesure d'urgence. La zone C concerne également les quartiers du Ciloc, Zaouche, El Menia, Benchergui et Boudraâ Salah, tous érigés sur les flancs ou bien carrément dans le lit de la chaâba. Elle fait partie des cinq zones classées en majorité au niveau rouge, étalées sur une superficie de 120 hectares et abritant 15 000 logements pour une population de 100 000 habitants. A partir de 1999, les pouvoirs publics, jusqu'au sommet de l'Etat, avaient fini par prêter l'attention requise aux voix qui s'élevaient pour tirer la sonnette d'alarme sur l'ampleur du phénomène. Une enveloppe de 180 millions de dinars fut débloquée pour la mise en place d'un plan d'urgence afin de protéger la population et surtout engager l'étude globale qui a été confiée à SIMECSOL pour un délai de 25 mois, prolongé par la suite après l'élargissement du champ d'étude. Le BET avait pour missions le diagnostic de l'ensemble des sites de glissement, l'évaluation, l'étude de confortement et enfin, la mise en œuvre d'un dispositif de surveillance des mouvements de terrain et développement d'un système d'information géographique spécialisé. En parallèle, 9000 familles habitant des bâtisses menaçant ruine devaient être évacuées suivant un programme de relogement tracé par le gouvernement Benflis. Ce programme a buté sur la faiblesse, voire l'insignifiance de l'offre en matière de logement par rapport à la demande urgente et l'impuissance des responsables locaux à réaliser une telle prouesse. Le refus de certains propriétaires, notamment ceux du site Belouizdad situé au cœur de la ville, à abandonner leurs biens contre des logements sociaux loués par l'OPGI a ajouté à la complexité du problème et au stress des responsables chargés de la gestion de la situation. Le nouveau wali de Constantine a promis d'emblée de classer ce dossier parmi ses priorités. Les dégâts risquent de s'avérer, cependant, beaucoup plus graves au point d'exiger une réaction nationale orchestrée dans le cadre d'une opération gouvernementale à la hauteur de la catastrophe.