La polémique suscitée par les récentes mises en garde du Fond monétaire international (FMI) contre toute augmentation salariale a remis sur le tapis l'épineuse question du pouvoir d'achat et la faiblesse des salaires en Algérie. Principale revendication des travailleurs ces dernières années, l'augmentation des salaires est à chaque fois reportée aux calendes grecques. Les pouvoirs publics continuent ainsi de faire la sourde oreille à cette revendication même en cette période faste où le pays connaît une situation d'aisance financière sans précédent. Un paradoxe que la frange des travailleurs n'arrive pas à comprendre. En attendant, leur pouvoir d'achat continue de se dégrader au rythme des interminables augmentations des prix qui décidément n'épargnent rien. Produits alimentaires, eau, électricité, gaz, loyer... ont tous été touchés par la hausse des prix. L'eau et l'électricité, pour ne citer que ces deux exemples, ont connu des augmentations spectaculaires au point de créer l'alerte dans les foyers, notamment pour ce qui concerne les factures d'eau et d'électricité. Pis, les pouvoirs publics comptent augmenter encore une fois les prix de ces services dès cette fin d'année. La récente étude réalisée par l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) sur l'évolution du pouvoir d'achat démontre clairement une poursuite de la dégradation de ce pouvoir d'achat depuis 2003. D'après l'étude en question, le budget vital pour une famille algérienne de sept personnes a atteint les 24 790,85 DA. Ce montant était en août 2003, lors de la première étude similaire, de 22 970,35 DA. Ce qui démontre une érosion du pouvoir d'achat de l'ordre de 7,9%, soit 1820,50 DA. L'étude a relevé une hausse significative dans les prix des transports, du logement et des frais annexes ainsi que les produits d'hygiène et de soins. affaiblissement Pour illustrer la faiblesse des salaires et leur très faible évolution, le CNES avait précisé dans un de ses rapports que « le revenu disponible des ménages à prix constants a augmenté entre 1990 et 2003, en moyenne annuelle, d'environ 4%. Sur la période de 1999 à 2003, il a atteint 9,37% ». Il faut signaler à ce propos que les bourses des ménages ont connu durant cette période un affaiblissement considérable à telle enseigne que la toute relative hausse n'a été d'aucun secours face à la cherté de la vie. Bien avant le Conseil économique et social (CNES), l'Institut national du travail (INT) avait affirmé, à l'issue d'une enquête dont les résultats ont été rendus publics en 2004, que les salaires des Algériens ont enregistré entre 1996 et 2002 « une évolution de l'ordre de 72,95% », mais que les prix à la consommation ont nettement quadruplé depuis la dernière revalorisation du SNMG et le dinar a beaucoup perdu de sa valeur. Il faut dire à ce propos que les indices officiels sur les prix à la consommation et le taux d'inflation ne traduisent nullement une réelle évaluation du pouvoir d'achat. Le déclin de plus en plus de la classe moyenne est l'un des indices révélateurs de la dégradation et de la faiblesse des salaires en Algérie. Cette frange de la société composée en bonne partie de fonctionnaires (administration, éducation) éprouve de grandes difficultés à joindre les deux bouts.