Le gouvernement algérien a tenu compte lors de l'élaboration de la loi de finances pour 2007 des risques encourus en concédant une augmentation des salaires des travailleurs. Risques auxquels a fait allusion le chef de mission du Fonds monétaire international (FMI), Eric De Vrijer, lors d'une conférence de presse qu'il a animée mercredi dernier. Ce dernier avait indiqué que les pouvoirs publics pourraient faire face à une poussée inflationniste qu'il aura du mal à maîtriser. « La maîtrise de l'inflation restera un défi important pour la politique monétaire au vu de l'expansion budgétaire envisagée et la hausse des salaires accordées en 2006 », avait-il affirmé en substance. D'après lui, une telle mesure dans le contexte actuel caractérisé par une faible productivité ne saurait avoir d'impact sur le pouvoir d'achat dès lors qu'une poussée inflationniste sous la pression de la demande viendrait en annuler les effets. Le FMI, en toute vraisemblance, ne partage pas le côté populiste de la mesure estimant qu'elle ne sera pas sans le moindre coût sur l'économie nationale pour laquelle elle constitue « un choc ». D'autant plus que le gouvernement algérien a de tout temps rencontré des difficultés pour stabiliser le taux d'inflation. Celui-ci s'est situé autour de 1,6 % en 2005 contre 3,6 % en 2004 et 2,6 % en 2003. Cette institution avait même parlé d'un taux de 6% pour 2006 alors que le Conseil national économique et social (Cnes) s'attend plutôt à un taux entre 3,5% et 4,5%. Cette dernière prévision rejoint celle de la Banque d'Algérie qui estime que le taux prévisionnel de 3% sera probablement dépassé. Dans le rapport de présentation de la loi de finances pour 2007, le gouvernement, qui a répondu à une revendication pressante du partenaire social, reconnaît que le risque inflationniste existe bel et bien en imputant cet état de fait à trois facteurs. Ainsi, outre un niveau appréciable de la dépense publique et le réajustement du niveau des salaires dans la Fonction publique et des pensions de retraites, évoqués du reste par le FMI, l'exécutif cite aussi une surliquidité générée principalement par la poursuite d'une conjoncture favorable du marché pétrolier. Le cadrage de la loi de finances pour 2007 a retenu un taux d'inflation de 3,5%. Selon les mêmes prévisions, le risque inflationniste pourra être amorti par certains facteurs. Il en est ainsi du démantèlement progressif des trois quarts des positions tarifaires à partir de septembre 2007. La stabilité monétaire du dinar par rapport aux principales devises et une politique d'épongeage de la surliquidité sont également mises en avant pour maintenir le taux d'inflation à un niveau raisonnable.