Faute de soutien et de prise en charge du dossier par l'Etat, le secteur du textile n'existe presque plus en Algérie. Depuis le début de la crise à la fin des années 1980, avec la fermeture des filatures et la faillite totale de l'industrie du textile, quelque 80.000 emplois en amont et en aval de l'activité ont disparu. La crise du textile qui avait secoué le monde dés le début des années 1990 ajoutée à la hausse des prix des matières premières comme le coton, l'absence de tout investissement pour la modernisation des équipements de production, l'insécurité et l'importation anarchique du prêt à porter, sont les facteurs à l'origine de cette situation. Ce big-bang dans ce secteur vital dans l'aménagement et l'équilibre du territoire de tout pays qui se respecte, est passé presque inaperçu, dans le milieu des décideurs. Contrairement à l'Est et à l'Ouest de nos frontières, où il fait l'objet d'une attention particulière avec même des allégements significatif des charges sociales. Mieux, réunis, ces dernières années la Tunisie et le Maroc ont totalisé plus de 7 milliards de dollars de chiffre d'affaires à l'exportation de leurs produits textiles. L'Algérie enregistrait difficilement en 2004, plus de 3,5 millions de dollars un peu plus qu'en 2002 avec à peine 1, 5 millions de dollars. Ce qui n'a pas pour autant alerté les responsables algériens qui paraissaient avoir définitivement banni le textile de la politique industrielle sectorielle nationale. Dans son rapport principal d'août 2004, l'International Finance Corporation (IFC) précise au chapitre de la situation du secteur textile algérien que : " Les entreprises du secteur public connaissent une baisse continuelle de leur production et ceci dans toutes les branches. Les taux d'utilisation des capacités sont aussi très faibles. Enfin, la plupart des entreprises du secteur sont dans une mauvaise situation financière". Pas une seule fois les experts de cette institution financière filiale de la Banque Mondiale n'ont abordé le problème de l'approvisionnement en matière première dont le coton et l'abandon de sa culture à partir des années 1970 en Algérie. Des opérateurs économiques algériens imputent la crise du textile à la disparition de la culture industrielle du coton. Selon eux, cette disparition a imposé des importations indispensables pour faire tourner au ralenti la trentaine de filatures en activité sur l'ensemble du territoire national. La crise du pétrole intervenue durant les années 1980, aurait fini par achever le secteur national du textile mis dans l'incapacité de s'approvisionner en matière première. "Aujourd'hui, à l'exception de quelques rares privés à faible capacité de production, le secteur ne fait que survivre. C'est pourquoi est importante l'initiative de relancer la culture du coton du groupe industriel Textile Manufacturing Campanie (Texamo) en partenariat avec le holding agro-industriel français Développement des Agro-industrie du Sud (DAGRIS) propriétaire de la Société Méditerranéenne du Coton (Somecoton). Elle est à même de redynamiser le secteur du textile", confie Abdelmoumen Mendjel un de ces opérateurs. Privés de toute liberté de manœuvre, pris en étau par des dispositions fiscales draconiennes et l'absence de matière première locale et dans l'impossibilité de procéder à la modernisation de leur outil de production incontournable dans l'industrie du textile, les animateurs du secteur passaient leur temps à fulminer contre les pouvoirs publics. autosuffisance en 2020 La culture du coton bien maîtrisée avec l'éventualité de satisfaire partiellement les besoins nationaux les 5 prochaines années pour atteindre l'autosuffisance à l'horizon 2020, le rapport de force pourrait jouer en faveur des producteurs algériens de textile par rapport à leurs homologues étrangers. Faudrait il encore que les pouvoirs publics jouent le jeu à l'image de ceux du Vietnam qui avaient investi 3 milliards de dollars en 1995 et, à la même époque, la France avec 4,2 milliards de francs. Dix années après, ils se présentent avec les Turcs, premier producteur européen de coton et deuxième fournisseur de l'Union Européenne de l'industrie de l'habillement derrière la Chine pour laquelle ils représentent de sérieux concurrents en Europe. Somecoton et la Société d'Exploitation de l'Est chargée du suivi de la culture du coton à l'Extrême de l'Algérie ont récemment exprimé leur optimisme. Prenant pour base argumentaire, l'excellence quantitative et qualitative des résultats des essais engagés sur 300 hectares depuis le mois d'octobre 2004, les économistes ont les yeux rivés sur les régions de Annaba, Guelma, Tarf et sur d'autres régions du pays traditionnellement connues pour être cotonnières. Pour ces économistes, le coton est une nouvelle manne. Elle permettrait à l'industrie algérienne du textile de rebondir. Ils parlent déjà d'un bouleversement en profondeur de ce secteur à même de créer au cours des cinq prochaines années plus de 10.000 postes de travail et au trésor public d'économiser 50 % au moins de l'équivalent de 17,6 milliards de dinars engagés en 2003 (source IFC) pour l'importation de produits finis du textile et du cuir. En 2004, parlant du secteur du textile en Algérie, la même source précisait : "Les statistiques disponibles sous estiment la part du secteur privé dans l'économie et par suite la manière dont il a évolué et évidemment celle avec laquelle a évolué chacune des activités ou des branches. De ce fait, il est extrêmement difficile d'émettre un diagnostic sur la situation réelle du secteur du textile et on ne peut suivre les analystes qui parlent de crise généralisée du secteur sans discuter leurs arguments. Par ailleurs, à supposer que le secteur traverse une crise, il est irrémédiablement condamné, et il n'y a aucun potentiel de croissance des exportations à en attendre". Que représentent pour la redynamisation du secteur du textile en Algérie les quelques 10.500 quintaux cueillies depuis le 16 octobre au tire d'une opération test et les 35.000 autres prévus pour 2006 avec la mécanisation programmées de la cueillette ? Un secteur où, à travers le monde y compris dans les pays en voie de développement, il est enregistré une concurrence effrénée. Surtout dans la confection où, affirment nos interlocuteurs, les machines à coudre sont installées sur des roulettes pour permettre une rapide délocalisation.