Le client possède une liste de produits à acheter en tête, mais une grande partie de ses décisions se prend dans le magasin. Le phénomène de la grande distribution va envahir le milieu urbain où l'effectif et le revenu de la population justifient son installation. Depuis la disparition des Galeries algériennes et des Souks El Fellah dans les années 1990, la grande distribution a laissé la place à un commerce atomisé. Les métiers de la grande distribution sont tout à fait nouveaux en Algérie. L'activité liée aux grandes surfaces est encore à ses prémices. Ce secteur est promis à un avenir prometteur en raison des changements dans les habitudes des consommateurs algériens qui se caractérisent de plus en plus par un besoin croissant de diversité, une préoccupation en matière de sécurité, d'hygiène et de qualité ; une préférence pour le rassemblement des achats en un même lieu ; la recherche de la convivialité dans l'acte d'achat et la recherche du rapport qualité-prix intéressant. A travers ces changements, on assiste au passage du paysage économique vers une ère nouvelle marquée par une transition vers une société de consommation. Il est certain que la grande distribution va envahir dans un premier temps le milieu urbain où l'effectif et le revenu de la population justifient son installation tout d'abord. Dans un deuxième temps, le centre péri-urbain, puis, à plus long terme, le milieu rural lorsque les infrastructures et conditions socioéconomiques le permettront. La structure commerciale demeure encore aujourd'hui amplement dominée par le commerce traditionnel, mais les grandes surfaces gagnent progressivement des parts de marché. Dans ce contexte, le premier centre commercial et de loisirs d'Algérie a ouvert ses portes à Bab Ezzouar début août. Il propose une mixité de 94 magasins, restaurants et autres activités de loisirs. L'objectif affiché est de répondre à une très forte attente de la population algérienne et d'amener une nouvelle approche de la consommation en offrant plaisir, détente et divertissements. Pour avoir une idée sur la réaction des Algériens après cette ouverture, nous avons contacté Jean Rizk, directeur du SCCA/CCL Bab Ezzouar (Alger), qui a bien voulu nous donner les premières éléments d'information. «Depuis l'ouverture du centre commercial et de loisirs de Bab Ezzouar, le 5 août, nous pouvons avancer les informations suivantes : la fréquentation a atteint la barre respectivement des 60 000 à 100 000 visiteurs et clients par jour en moyenne. Ce qui représente un total de 420 000/600 000 visiteurs/clients depuis l'ouverture du centre. Ces chiffres dépassent nos prévisions. Nous notons aussi une bonne mixité parmi la clientèle, dans le sens de la variété et de l'origine sociale. Nous pouvons dire que toutes les classes sociales se côtoient dans le centre, avec un intérêt bien marqué des jeunes. Le nombre de véhicules dans les parkings a été dans la moyenne de 12 000 véhicules/jour. Les commerces ont réalisé d'excellentes performances en matière de chiffres d'affaires.» Depuis le début du mois de Ramadhan, «il a été constaté un réel engouement pour le bowling qui attire les jeunes et les familles». Par ailleurs, l'espace restauration Food-Court connaît un franc succès. Au-delà de la haute fréquentation dans l'hypermarché Uno avec l'achat alimentaire, il a été relevé aussi des chiffres d'affaires importants dans les domaines du prêt-à-porter de marque. D'un point de vue plus large, le centre commercial connaît un afflux continuel de visiteurs. «Nous ne voyons pas fléchir la fréquentation selon les heures. Il y va de même de la fréquentation nocturne qui est très importante après la rupture du jeûne», ajoute le directeur. Le centre attire les foules de curieux qui veulent découvrir le concept du centre commercial et de loisirs et des clients plus classiques qui viennent pour acheter. C'est l'addition des deux qui fait l'importante fréquentation. De son côté, Radia Benayad, directrice marketing de Numidis, filiale du groupe Cevital, premier groupe privé en Algérie créé en avril 2006, nous fait le bilan de l'ouverture du premier hypermarché. On achète de façon spontanée et impulsive «Les clients algériens sont très ravis de découvrir une enseigne 100% algérienne Uno qui n'a rien a envier aux enseignes internationales, tant sur l'agencement du magasin et sa modernité que sur son assortiment (tout sous le même toit), la présentation des produits (merchandising), le service et les promotions, ainsi que les prix», souligne-t-elle. Ces derniers se prononcent en faveur du développement d'hypermarchés et accueillent très favorablement leur arrivée. Plus de 100 000 visiteurs par jour ont été enregistrés la première semaine, «essentiellement des familles». Les facteurs qui déterminent où les Algériens préfèrent faire leurs courses ne sont pas différents de ceux des consommateurs européens. Les critères de sélection s'articulent autour de la largeur d'assortiment, la disponibilité des produits et des marques préférées, l'accessibilité aux prix, la facilité de trouver les produits recherchés, additivement au confort d'achat. Ce qui a été constaté, c'est que les clients algériens se laissent principalement guider par le rapport qualité/prix, le choix des produits, ainsi que les promotions. Ils achètent souvent de façon spontanée et impulsive. Le client possède une liste de produits à acheter en tête, mais une grande partie de ses décisions se prend dans le magasin. La tendance, quant à elle, reste plutôt alimentaire, partagée entre l'épicerie, les boissons, les produits frais et la droguerie et cosmétique. Face à ces évolutions, les supérettes de quartiers (100 à 200 m2) font de la résistance. Les prix proposés tiennent la route face à la grande concurrence. Mieux, elles sont jugées meilleures pour les produits à forte rotation. D'abord timide, leur apparition s'est généralisée dans plusieurs quartiers. De nouvelles habitudes ont commencé à s'installer chez les consommateurs. Finis les interminables aller-retour chez le boulanger, l'épicier et le droguiste du coin. Les supérettes offrent un large choix de produits. Elles regorgent de produits de large consommation. De la simple baguette de pain au fardeau d'eau minérale en passant par les surgelés, les légumes, les cosmétiques et les produits d'hygiène, les Algériens ont l'embarras du choix. Certaines supérettes proposent même des plats déjà cuisinés à emporter et des gâteaux traditionnels : makrouts, sablés, ghribia disposés dans des barquettes. Les gérants redoublent d'imagination pour fidéliser les clients.