Des bâtisses déclarées à risque par les services du contrôle technique des constructions (CTC) ne sont toujours pas évacuées. Pas moins de huit familles vivent, en ces moments mêmes, un grand danger. Leurs vies sont en suspens et à la moindre vibration, à la moindre averse, tout l'immeuble sis au 16 rue du Ravin, risque de s'effondrer sur ses propres occupants. La situation de cette vieille bâtisse, déclarée en 2004 déjà par le CTC comme étant un immeuble à risque, s'est aggravée il y a moins d'un mois suite à l'effondrement d'une partie située en amont. Aujourd'hui, l'immeuble est carrément à la merci de toutes les eaux venant de la pente de la rue Dellabani située sur le versant sud de l'immeuble. Ce qui est sûr, c'est que toutes les eaux pluviales trouveront dans la brèche laissée par l'effondrement un passage qu'elles emprunteront pour faire écrouler toute la bâtisse et emporter ses habitants. L'effondrement en question se serait produit, comme l'expliquent les habitants parce que l'entrepreneur qui avait refait les trottoirs, il y a quelques années, ne s'était nullement dérangé devant l'absence de tout contrôle et avait obstrué une bouche d'incendie. Cette dernière a fini par déverser ses eaux dans un sol schisteux poussant ainsi au pourrissement et à l'effondrement. Le jour de l'effondrement, les habitants racontent que devant leur peur, ils s'étaient déplacés à la daïra pour raconter leur calvaire.
«On s'est contenté de nous dire que le chef de daïra était en congé». Côté élus locaux, les habitants, comme l'ensemble des Skikdis d'ailleurs, ne se font désormais plus d'illusion à leur sujet. «Ils ont ‘vendu le match et mêmes les joueurs, l'arbitre, le stade et le ballon avec…» ironisent aujourd'hui les Skikdis à l'évocation de leurs élus APC et APW. L'immeuble devait être évacué en 2004, mais depuis, l'attente perdure. Un des propriétaires de l'immeuble déclare: «Tout le monde est au courant de la situation. On a saisi toutes les parties officielles concernées et on ne voudra endosser aucune responsabilité au cas où un malheur surviendrait. Nous, on voudrait bien faire évacuer nos locataires, mais nous ne pouvons tout de même pas les jeter à la rue. Leur relogement n'est pas de notre ressort et nous estimons que nous avons tout entrepris pour sensibiliser les responsables et de ce fait nous déclinons toute responsabilité». Un des habitant témoigne qu'en 2005 on était venu recenser les locataires puis, silence radio. L'hiver est pour demain et demain il sera trop tard. Le drame vécu par une famille skikdie, dimanche dernier, et la mort tragique d'une dame et la blessure de deux autres suite à l'effondrement d'un immeuble au Quartier Napolitain devrait servir de déclic émotionnel aux responsables. Les citoyens n'ont jamais la mémoire courte. La preuve a déjà été donnée ce dimanche lors de l'effondrement du Quartier Napolitain quand, deux heures après un représentant du wali est venu calmer l'ardeur des jeunes du quartier en demandant de constituer un comité (tiens, encore un !) rassemblant des représentants des immeubles les plus fébriles, ce à quoi, un ancien habitant du quartier rétorqua: éPourquoi, depuis le temps vous n'êtes toujours pas au courant de la situation des immeubles menaçant ruine ? ! Mais on vous a écrit des dizaines de lettres sans jamais recevoir de réponse.» Sans commentaire !