«Les relations entre l'Emir Abdelkader et le royaume d'Espagne», tel est l'intitulé d'une communication du Dr Chamyl Boutaleb, président de la section d'Oran de la Fondation Emir Abdelkader, qui a inauguré, mercredi soir, le programme culturel d'activités élaboré dans le cadre des veillées de Ramadhan par l'Institut Cervantès, consacré surtout à des conférences et ateliers sur l'architecture et la musique arabo-musulmane d'Andalousie. Devant une assistance composée pour l'essentiel de sociétaires, enseignants et étudiants universitaires, le conférencier a rappelé que cet exposé a été réalisé à partir des correspondances de l'Emir Abdelkader avec le gouverneur militaire de l'enclave de Melilla (Maroc) et de la reine d'Espagne, soit 23 documents d'archives, traduits et annotés par des chercheurs et historiens des universités d'Alicante et d'Oran. En vérité, ces échanges de lettres entre le fondateur du premier Etat algérien et les monarques de la péninsule ibérique étaient motivés par une demande d'aide pressante de l'Emir à une période (1847) où le combat de résistance contre les forces d'occupation commençait à s'essouffler, suite à la prise de la Smala (1843) et la politique de la terre brûlée engagée par le général Bugeaud dans le pays dévasté par le corps expéditionnaire français. «L'Emir et son armée, s'étant retranchés au Maroc, étaient également harcelés par le sultan Abderrahmane, inféodé à la puissance coloniale, après le traité de Tanger», a notamment expliqué le conférencier qui a rappelé que «cet illustre stratège de guerre et fin diplomate a mené 116 batailles et affronté successivement 142 généraux durant ces 17 années de résistance, qui ont vu défiler seize ministres de la Guerre et cinq princes.» Juste avant la fin des hostilités, l'Emir Abdelkader a vaincu le général Montagnac qui a perdu 700 soldats dans la bataille de Sidi Brahim, est-il rappelé dans cet exposé. Dans ses correspondances, il a demandé, dans une dernière tentative, de l'aide à la reine d'Angleterre, pour instaurer la paix pour le peuple en proie à des opérations militaires. Dans ces documents, il est fait mention d'un bref passage de l'Emir dans l'enclave espagnole de Melilla, où il fut reçu par le gouverneur militaire. Les échanges commerciaux, sous forme de troc, ont marqué cette courte période de relations algéro-espagnoles. «Ces échanges permettaient aux forces armées de l'Emir d'être approvisionnées en poudre et autres armes de guerre et les Espagnols de recevoir des moutons, de la laine, du miel provenant d'Algérie», a notamment expliqué l'orateur. Auparavant, un film documentaire sur la vie et l'œuvre de l'Emir, réalisé par la chaîne thématique Arte, diffusé en 2004, a été projeté, suivi d'une intervention de Javier Galvan, directeur de l'Institut Cervantès, qui a mis en exergue l'héritage universel de l'Emir Abdelkader. Durant les débats, Maître M'hamed Doubla, président d'honneur de la Fondation, a donné lecture d'une lettre adressée par l'évêque d'Alger à l'Emir durant son exil de Damas (Syrie).