Plusieurs experts nationaux et internationaux interviendront dès aujourd'hui à Alger sur le dossier du nucléaire. Un dossier sensible qui sera débattu à la faveur de la présentation de l'avant-projet de loi nucléaire. « L'Algérie veut agir ainsi en toute transparence pour démontrer ses bonnes intentions quant à l'utilisation pacifique et à des fins civiles de cette forme d'énergie », nous a confié sous le couvert de l'anonymat un chercheur du Centre nucléaire de recherche algérien (CNRA), situé sur les hauteurs d'Alger. Il nous précisera que « l'avant-projet de loi nucléaire est une manière de prémunir l'Algérie contre tout tapage médiatique, comme ça a été le cas durant ces dernières années ». Il faut rappeler que l'Algérie dispose à ce jour de deux centrales nucléaires. Deux réacteurs de recherche nucléaire qui ne sont utilisés qu'à des fins pacifiques. Le premier réacteur nucléaire, baptisé Nour et situé dans la région de Draria (Alger), a été inauguré en coopération avec l'Argentine en 1986. Quant au second, sis à Aïn Ouessara (Djelfa), réalisé en coopération avec la Chine, il a été inauguré en 1993. Ce dernier réacteur, baptisé Essalem, est destiné à répondre à la demande nationale en radio-isotopes et sources radioactives ainsi qu'aux différents besoins en matière de recherche fondamentale appliquée. C'est donc par rapport à l'existence de ces deux centrales que l'Algérie a eu justement à subir des campagnes médiatiques. Washington s'est toujours interrogée sur le potentiel nucléaire algérien. Henry Sokolski, directeur de Non Prolongation Policy Education Center (NPEC), croyait savoir, dans un article publié en mars 2003 par The Weekly Standard, que l'Algérie a l'intention de fabriquer des armes nucléaires. « Que va faire l'Algérie ou son voisin la Libye qui, auparavant, a tenté d'acheter des armes nucléaires, si l'un ou l'autre aura une bombe ? », s'était-il interrogé, rappelant par la même occasion que l'Algérie dispose de deux réacteurs. En 1993 déjà, lors d'un débat au Congrès US, la Chine a été accusée d'avoir aidé l'Algérie dans son « programme nucléaire ». A Washington, on semble examiner de près un rapport-avertissement, établi en août 1998, par les services secrets espagnols sur « le potentiel nucléaire » algérien. Des extraits de ce rapport avaient été publiés par le quotidien madrilène El Païs. Il y était écrit que dans deux ans (c'est-à-dire en 2000), l'Algérie aura des installations pour produire du plutonium de type militaire, « élément clef de la bombe atomique ». « Le programme nucléaire algérien est, à l'origine, conçu avec un but militaire clair », y était-il relevé. Ce qui avait suscité la réaction du porte-parole du ministère des Affaires étrangères de cette époque en expliquant que le programme nucléaire algérien « est destiné à l'utilisation de ce type d'énergie à des fins pacifiques ». En 2000, l'Algérie a adhéré au Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Abderrahmane Kadri, commissaire à l'époque à l'Energie atomique, avait déclaré, lors d'une conférence à Vienne, que l'Algérie était disposée à coopérer avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Il avait dit que l'Algérie était préoccupée par le fait qu'« Israël refuse toujours de souscrire au traité de non-prolifération des armes nucléaires ». Israël est le seul pays du Moyen-Orient à n'avoir pas adhéré à ce traité. Cela dit, il reste que l'option actuelle du nucléaire algérien, de l'avis même du ministre de l'Energie et des Mines, est électronucléaire. C'est-à-dire aller vers la production de l'électricité. Mais selon notre chercheur du CNRA, l'Algérie n'a pas de centrales nucléaires qui nous permettent de produire de l'électricité. Notre interlocuteur ajoute qu'on dispose de beaucoup de techniques nucléaires nous permettant d'analyser les matériaux. Aux yeux du chercheur, une loi sur le nucléaire s'impose « pour aller vers la vraie technologie nucléaire ».