Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a été chargé de constituer un groupe de travail pour soumettre au gouvernement, dans les prochains mois, un avant-projet de loi sur le nucléaire. Dans ce cadre, des débats ont été ouverts, hier à El Aurassi, sur l'élaboration de ce projet par des experts et des analystes algériens, notamment ceux de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Ouvrant les débats sur ces journées d'étude sur l'avant-projet de loi nucléaire, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, tout en précisant que cela s'inscrit dans le cadre du processus de réformes législatives déjà entreprises en Algérie, a souligné que cette rencontre vise à « jeter les bases d'une législation algérienne du secteur du nucléaire à l'effet d'élaborer une loi nucléaire ». Cette loi, a encore précisé le ministre, « devra être en cohérence avec l'édifice législatif algérien, en harmonie avec les législations spécifiques au secteur et en conformité avec les engagements internationaux » du pays. Dans cet ordre d'idées, il a exhorté les experts « à envisager et à définir le rôle et les responsabilités de l'ensemble des parties prenantes des activités liées à cette filière ». Le ministre de l'Energie et des Mines a mis l'accent par ailleurs sur la nécessité de prendre en compte, dans les réflexions et les débats, les concepts de sécurité, de sûreté et de responsabilité car, a-t-il relevé, « la sécurité est la condition première de l'application des techniques nucléaires ». Abordant le domaine de l'utilisation du nucléaire, Chakib Khellil a souligné que les technologies et les techniques nucléaires peuvent contribuer dans une large mesure à la production de l'énergie électrique et aider à la résolution de problèmes socioéconomiques dans les domaines aussi vitaux que la santé, l'agriculture, l'eau, l'industrie et l'environnement. Cependant, avons-nous les moyens scientifiques de réaliser cet objectif ? Pour ce faire, selon le ministre, il faut « renforcer la qualification des ressources humaines en encourageant des actions en faveur de la formation et de la recherche, promouvoir des activités de recherche scientifique et développer les techniques nucléaires ». Le développement d'une expertise nationale dans le secteur nucléaire est « le défi que notre pays devra relever », a-t-il dit. Mettant, par ailleurs, l'accent sur le rôle des énergies fossiles, le pétrole sera, selon le ministre, la première source d'énergie avec 34% de la demande, suivi du gaz naturel (30% des besoins). Les applications majeures de l'énergie, selon le ministre, « vont croître régulièrement à l'échelle mondiale rendant inéluctable le recours à l'électronucléaire ». De son côté, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Rachid Harraoubia, a estimé que « c'est un thème exceptionnel qui va être abordé. Il doit être abordé avec sagesse ». Il a souligné l'importance de cette énergie dans la production de l'électricité et dans le développement durable tant, a-t-il dit, il y a une forte demande en électricité. « L'utilisation des techniques nucléaires est un outil incontournable pour le développement durable mais présente des dangers si l'on n'a pas les garanties nécessaires », a-t-il ajouté. « Nous connaissons les aspects positifs des techniques nucléaires, notamment pour leur utilisation dans l'agriculture, le dessalement de l'eau et la médecine. » L'avant-projet de loi prévu doit, selon lui, comporter tous les aspects relatifs à l'activité nucléaire dans l'objectif d'assurer la sécurité des personnes, de leurs biens, et de préserver l'environnement. Le texte doit prévoir en outre, selon le ministre, « un dispositif adéquat pour le contrôle et l'inspection selon les critères internationaux. Il doit en tout cas permettre de maîtriser les produits radioactifs depuis la production jusqu'à l'élimination des déchets ». En somme, pour le ministre, « c'est une loi modèle qu'il faut pour maîtriser toutes les techniques nucléaires ». Mme Laura Rockwood de l'AIEA a estimé pour sa part que cette rencontre devra permettre d'aider l'Algérie dans son projet d'élaboration d'un dispositif législatif en la matière à travers la présentation des législations de certains pays. Les travaux de cette rencontre devront se poursuivre aujourd'hui et des recommandations sont attendues pour constituer une base pour l'élaboration de la loi nucléaire algérienne.