Le temps d'une soirée, les hautes coutures algéroise, marocaine et tunisienne se sont croisées et enchevêtrées, lundi soir, au niveau du jardin botanique de l'hôtel Saint Georges à Alger pour dévoiler des tenues somptueuses et colorées à la fois. Baptisée «Leïlat El Yasmine», cette soirée organisée par l'ex-mannequin Yasmine Ferhani et l'agence Ultimart a regroupé pas moins de six cents invités de marque. Le parking de l'hôtel a eu d'ailleurs du mal à parquer les voitures de ces hôtes. Ce n'est qu'aux alentours de 23h40 que le coup d'envoi de la manifestation a été annoncé par la sympathique Yasmine. La première partie du défilé de mode a vu le passage de couples de mannequins gracieux à la taille filiforme et à la démarche mesurée, exhibant des tenues typiquement marocaines. Un peu plus d'une vingtaine de caftans aux découpes diverses et aux broderies raffinées ont été dévoilés, au grand bonheur de la gent féminine. Preuve en est, avec ce beau caftan royal de deux pièces de couleur rouge sang, travaillé entièrement au fil d'or, porté avec un pantalon Aladin. La large ceinture est chargée de pierres de cristal de swaroski. La tendance de la couleur de la robe de mariée au Maroc est la recrudescence du vert. Cette tenue de noces est incrustée de pierres précieuses, entièrement travaillée avec du fil d'or. Les mannequins hommes, pour leur part, sont sapés de djabadors aux manches longues, liserets dorés sur le devant du corset et les bouts des manches. La tête est ornée d'une coiffe de prince arabe avec un bandeau doré. Le choix de toutes les tenues marocaines et tunisiennes a été confié à la boutique de tenues traditionnelles Elégance Maghrebine, dirigée par Mme Malika. Cette dernière est une passionnée du Maghreb. Elle effectue régulièrement des voyages dans ces pays frères. Avec art et doigté, elle a ce don de regrouper les trois tenues en une seule. Place ensuite à l'Algérie avec ses tenues typiquement algéroises. Signée par la styliste Lylena d'Alger, cette collection de 21 modèles s'est distinguée par la noblesse de ses tissus, par la diversité de ces pierres et par la richesse de ses broderies. A travers cette déclinaison de tenues algéroises, Lylena a toujours veillé à la fois à la modernisation de ses modèles et à la conservation de l'authenticité. Dans ses créations, elle associe toujours la beauté et la qualité. En œuvrant dans l'innovation et le renouvellement, la styliste veille à la fois à la modernisation de ses modèles et à la conservation de l'authenticité. Comme en témoigne cette sublime tenue traditionnelle, composée d'un seroual «mdouar» blanc cassé, d'une veste jaune safran, d'un haïk et d'un foulard en «ftoul». Traditionnel stylisé Chez Lylena, la tenue des Aurès et berbère fusionne pour donner naissance à une création des plus épurées. La troisième partie du défilé a levé le voile un tant soit peu sur la haute couture tunisienne où uniquement six modèles traditionnels ont été présentés. Les tenues tunisiennes sont structurées de deux pièces, en l'occurrence une fouta et une blouza fouta. La fouta est la jupe qui se porte et le bustier on l'appelle blouza. C'est un ancien nom qui est encore utilisé, même en Algérie. La kiswa qu'on voit dans la photo est composée de deux pièces (bustier et pantalon bouffant). L'homme est paré d'une jebba, une sorte de jellaba traditionnelle, faite généralement à base de soie. Ce défilé de mode qui s'est clôturé à 3h du matin a eu le mérite de faire cohabiter sur le podium la modernité et la tradition. Un spectacle, en somme, tout en beauté et en élégance. Mention spéciale pour le casting de ces mannequins sauvages qui se sont prêtés au jeu du mannequinat avec assurance et grâce. Ils ont été formés durant deux mois par leur doyenne, Yasmine Ferhani. «Nous voulons travailler avec de nouveaux visages, façon singulière de les booster dans le domaine de la mode», confie-t-elle. C'est un casting sauvage. Les organisateurs ont relevé le défi en organisant pour la première fois en Algérie un défilé maghrébin sous un seul thème. Ce concept de défilé a été étudié depuis plus de six mois, mais il n'a pris forme que depuis trois mois. Quinze jours ont été consacrés pour le montage final. Selon Yasmine Ferhani et Sofiane Hassine «Leylet El Yasmine» est un événement qui est destiné à revenir l'année prochaine en deux éditions, automne/hiver et printemps/été. Il sera, nous dit-on, exporté certainement en europe. Il est à noter, en outre, que les organisateurs ambitionnent d'organiser d'ici la fin de l'année la première fashion week en Algérie.