On peut déjà dire du président américain qu'il a réussi une première manche dans sa volonté annoncée, alors qu'il était encore président élu, d'aider au règlement de la question palestinienne, mais elle peut être l'unique et la dernière, si jamais Israël persistait dans sa politique de blocage de tout processus de paix. Tout d'ailleurs laisse croire que cela pourrait être le cas, pourtant, constate-t-on, il y a une unanimité internationale autour de la démarche américaine, portée quant à elle par un discours nouveau. C'est en effet la première fois depuis la création d'Israël en 1948 qu'un président américain considère que la poursuite du conflit du Proche-Orient constitue une menace pour les intérêts des Etats-Unis. Et c'est pourquoi que les Palestiniens en premier, et c'est ce qui explique très certainement leur accord pour ce nouveau round malgré le lourd pessimisme, attendent beaucoup de la position américaine dans ce processus qui s'ouvre solennellement aujourd'hui à Washington. On ne semble pas faire attention aux déclarations du premier ministre israélien, et les Etats-Unis paraissent plutôt prudents. «Nous avons tout à fait à l'esprit la position palestinienne», a déclaré un haut fonctionnaire. Ce qui pose la question du plan. Les Américains en ont-ils un ? Que sera ce processus plus précisément ? Comme ceux de Wye Plantation en 1998, de Camp David en 2000 et d'Annapolis en 2007, qui n'ont fait que creuser le fossé entre Palestiniens et Israéliens et, plus généralement, entre ceux qui croient à la négociation, comme le revendique encore le président palestinien Mahmoud Abbas, et ceux des Palestiniens qui n'y ont jamais cru ? Pressés eux aussi par leur propre opinion, et appréhendant très certainement une plus grande déroute lors des prochaines élections générales, les Etats-Unis ont emprunté une autre voie, celle du oui ou non. «Intérêt vital» des Etats-Unis En ce sens qu'ils ont fait savoir qu'ils étaient prêts à se retirer de ce processus si rien n'en sortait. Ils ont même rappelé aux Israéliens une logique toute simple, même si les mots sont bien choisis. Ainsi, ont-ils déclaré, Israël doit choisir entre la paix et la colonisation, étant entendu que ce dernier processus, pourtant dénoncé par la communauté internationale, constitue un acte de guerre. Toute la question est là. Qu'est-ce qui sera négocié ? Et même si le principe est admis, quel espace pour l'Etat palestinien ? Celui que les Israéliens accepteront de céder aux Palestiniens, et là, il y a manifestement maldonne ? Avec quelles attributions ? On n'en est pas encore là, car il faut encore affronter le chantage israélien. En effet et alors que les participants se préparaient à rallier la capitale américaine, Benjamin Netanyahu faisait savoir qu'il n'a pas promis aux Etats-Unis la poursuite du gel partiel de la colonisation en Cisjordanie. Il faisait allusion à l'expiration, le 26 septembre, du moratoire de dix mois sur la construction de logements dans les colonies de Cisjordanie et ce, dans le même intervalle que «plusieurs milliers» de logements, ayant obtenu toutes les autorisations légales nécessaires, pourraient commencer à être construits dès le 27 septembre dans 57 colonies pour le secrétaire général de la paix, maintenant, un mouvement opposé à la colonisation, le «gouvernement israélien n'avait aucune intention réelle de parvenir à une solution de deux Etats pour deux peuples». Une conclusion et même une conviction largement partagée à travers le monde. Serait-ce alors la chronique d'un échec annoncé ? Quelles en seront les conséquences et qui les assumera ? Les Palestiniens excédés par ces tapes sur l'épaule, qui n'ont rien d'amicales et autres mondanités, ont déjà fixé les limites de ces négociations. A aucun moment, ils n'ont parlé des guerre, mais ils refusent de servir d'alibi.