Quitte à ce qu'ils contractent des dettes ou rognent sensiblement sur le budget familial, les parents sont contraints d'assurer l'habillement et les fournitures scolaires à leurs enfants. Après la frénésie boulimique de la table du F'tour et les charges dispendieuses y découlant, les ménages font face, ces jours-ci, à une saignée autrement plus nocive, car s'inscrivant sous le triptyque de l'Aïd El Fitr, l'habillement des bambins et la rentrée scolaire. Ainsi donc, les pères et mères de famille ne sont pas à un sacrifice près. Les traditions étant ce qu'elles sont, les mamans s'affairent d'ores et déjà à faire leurs emplettes en prévision de la confection des appétissantes pâtisseries orientales, à savoir, Makroud, Kalbelouz, Ghribia et Baklaoua. Dans le même ordre d'idées, le casse-tête de l'achat d'habits neufs aux enfants est tout aussi incontournable. Comme l'est d'ailleurs l'acquisition inévitable, dans la foulée, du tablier, du cartable, des manuels et fournitures scolaires. Quitte donc à ce que les parents contractent des dettes ou rognent sensiblement sur le budget familial. Rencontré dans un grand magasin du centre-ville à Mila, un fonctionnaire a parfaitement illustré cet état de fait en déclarant ceci: «Alors qu'on est dans la dernière décade de Ramadhan, j'ai dû recourir à un emprunt de 15 000 DA auprès d'un ami pour fringuer les cinq gosses à ma charge, dont l'aîné a 14 ans et le benjamin 5 ans». Loin d'être dissuadés par la cherté des prix affichés et la canicule ambiante, de jour comme de nuit, les familles continuent de se ruer sur les magasins spécialisés dans l'habillement. Malgré la large disponibilité des vêtements pour gosses, les prix, a-t-on constaté, font grincer les dents des chalands. Exception faite des articles confectionnés localement qui sont proposés à des prix raisonnables, mais dont la qualité laisse à désirer, les tarifs des autres gammes, notamment les «made in», sont, le moins que l'on puisse dire, inabordables, voire prohibitifs. En effet, des pantalons jeans (pour les deux sexes) sont vendus entre 1 800 et 2 200 DA, des salopettes pour enfants de 4 à 8 ans entre 1500 à 2 000 DA, des sandales entre 800 à 1000 DA et des baskets étiquetés entre 2 500 et 3 500 DA. En somme, une mercuriale aux relents prohibitifs qui a de quoi mettre en boule les plus stoïques des chefs de famille. Au sortir d'un grand centre commercial, nous avons pris langue avec une quinquagénaire qui a indiqué: «Habituellement je prends mes devants en commençant à acheter les habits de mes trois mômes vers la fin de la première quinzaine du mois de carême. De cette façon, je me prémunis contre la flambée des prix qui caractérisent l'approche de l'Aïd El Fitr, tout en trouvant les objets de mon choix».