Les médias se font l'écho d'un pessimisme prégnant quant au succès des pourparlers. La relance des négociations de paix israélo-palestiniennes fait naître une lueur d'espoir en Israël, malgré des doutes persistants, un espoir guère partagé par les Palestiniens et qui se heurte au scepticisme dans la région et à l'hostilité déclarée de l'Iran. «L'espoir se mêle au doute», a résumé hier le quotidien gratuit Israël Hayom, proche du Premier ministre de droite, Benjamin Netanyahu, au lendemain de la reprise des pourparlers entre ennemis séculaires à Washington. «Il est possible que tout cela ne soit que du théâtre, que Netanyahu cherche avant tout à complaire à l'administration américaine, et que ses propos ne visent qu'à faire porter sur le camp adverse (palestinien) la responsabilité d'un échec. Mais s'il s'agit de théâtre, il faut reconnaître qu'il a bien joué», écrit l'éditorialiste vedette Nahum Barnea dans le Yediot Aharonot. «Peut-être n'était-ce pas un show. Pas seulement un show. Pas cette fois», se prend à espérer le commentateur, une allusion aux 17 années de discussions sans résultat. Même l'influent Haaretz, généralement critique envers le chef du gouvernement, reconnaît que Netanyahu a surpris en qualifiant (le président de l'Autorité palestinienne) Mahmoud Abbas de «partenaire pour la paix». Longtemps, la droite israélienne a reproché aux chefs palestiniens de ne pas être des partenaires fiables pour parvenir à un règlement final du conflit. Les Palestiniens en revanche broient du noir, remarquant que le président Abbas n'a pas réussi à obtenir d'Israël un gel de la colonisation avant d'aller négocier, comme à contre-cœur, aux Etats-Unis sous la houlette du président Barack Obama. «Les sommets à Washington, les beaux discours et des négociations qui ne donnent rien, on en a déjà vu», a lâché un membre de la délégation palestinienne, désabusé. Pour l'analyste Mahdi Abdel Hadi, «c'est la frustration qui domine dans la rue palestinienne. Les gens ne font pas confiance à Netanyahu, ni à la capacité d'Abbas de parvenir à un accord». «Israël imposera une solution et utilisera toutes sortes de pressions pour forcer les Palestiniens à signer un accord et faire disparaître la question palestinienne du calendrier régional et international», prédit le quotidien palestinien Al Ayyam. Mahmoud Abbas piégé ? Le désenchantement est d'autant plus vif dans le camp palestinien – profondément divisé – que les négociations directes ont repris sur fond d'attaques anti-israéliennes du Hamas islamiste en Cisjordanie. A Ghaza, treize organisations armées palestiniennes, dont la branche militaire du Hamas, ont annoncé jeudi soir la mise en place d'un «centre de coordination» pour leurs opérations contre «l'ennemi sioniste». Maître de la bande de Ghaza, le Hamas a promis de poursuivre ses attentats en Cisjordanie malgré la vague d'arrestations de ses militants dans ce territoire, lancée par ses rivaux de l'Autorité palestinienne en coopération avec Israël. Allié du Hamas et aujourd'hui ennemi juré d'Israël, l'Iran a fustigé des négociations israélo-palestiniennes «mort-nées» et «vouées à l'échec», assurant que «les peuples de la région» sont «capables de faire disparaître le régime sioniste de la scène» internationale. Lors d'un discours pour la «Journée de Qods» (Jérusalem) de soutien aux Palestiniens, le président Mahmoud Ahmadinejad a critiqué, sans le citer, le président Abbas, qualifié «d'otage» d'Israël. Si ailleurs dans la région le ton est moins virulent, il n'en demeure pas moins globalement pessimiste, du Golfe au Caire en passant par Beyrouth, à l'exception des médias jordaniens prudemment optimistes – même si le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a appelé à «donner une chance» au dialogue. Echaudés par les précédents échecs, la majorité des commentateurs arabes doutent de la sincérité de Benjamin Netanyahu et de son gouvernement «extrémiste» à s'engager sur le chemin d'une «véritable paix».