L'établissement est sans spécialistes depuis plusieurs mois, les trois gynécologues femmes sont en congé de…maternité. La maternité de l'hôpital-mère-et-enfant du CHU de Sétif n'en finit plus avec les errements. La structure qui fonctionnait dans un passé récent à plein régime, avec en moyenne de 80 accouchements par 24 heures, tourne à l'heure actuelle au ralenti. Le «forfait» des gynécologues en est la cause. Les trois spécialistes (des gynécologues femmes) sont en congé de maternité. Cette «permission» est de plus en plus appuyée, nous dit-on, par des arrêts de travail. Cette vacance, qui donne un sacré coup à la structure, perdure depuis plusieurs mois. Pour éviter la faillite, les différents services de la maternité n'ayant désormais de maternité que le nom, sont pris en charge par 12 généralistes dont six vacataires. Ces derniers ayant trimés des années durant, ne perçoivent pour une pénible et non moins risquée garde que la modique et misérable rétribution de 700 DA, imposables de surcroît. Ce n'est pas avec un tel «pécule» qu'on va persuader les médecins à tourner le dos aux chants de sirène de l'exil, eux pour qui le pays a consacré d'énormes investissements dans la formation universitaire. Cette situation de banqueroute ne disant pas son nom, fait l'affaire des cliniques privées, qui profitent du «coup de pouce» de certains intervenants de la maternité refusant les grossesses à risques ainsi que les primipares. Cette situation est à l'origine de la fermeture, du service des grossesses à risque (GHR), mis en veilleuse depuis des mois. Comme un malheur n'arrive jamais seul, la mission chinoise annoncée depuis belle lurette, n'a toujours pas montré le bout du nez, au grand dam des parturientes. Contacté à ce propos, le Dr Lehtihet, directeur de la santé de Sétif, dira: «Le problème de gynécologues n'est pas spécifique à Sétif. Nous faisons de notre mieux pour améliorer les choses. L'arrivée prochaine d'une mission chinoise va atténuer un tant soit peu les désagréments des uns et des autres». Mieux encore, la structure n'a en cette période estivale pas pu bénéficier des services des résidents formés actuellement à Constantine. Dire que ces praticiens possèdent des postes budgétaires à Sétif. Durs moments pour les sages-femmes L'absence criarde d'un médecin-chef est à l'origine de la mise en «veilleuse» des deux échographes de la maternité. Les pauvres patientes sont orientées vers le «privé» qui bénéficie, qu'on le veuille ou pas, de complicité. Par crainte d'être traînées en justice, les sages-femmes qui se transforment malgré elles en gynécologues, ne prennent plus le «risque» de prendre en charge les cas délicats, notamment la nuit où elles doivent se «débrouiller» avec ces vaillants généralistes. D'autant plus que la réquisition des gynécologues privés, n'est plus d'actualité. Même les praticiens du service civil préfèrent opter pour une petite bourgade où ils vont exercer deux ans que de passer, nous dit-on, quatre longues années dans une structure d'une grande ville comme Sétif. Des accoucheuses diront non sans colère, sous le sceau de l'anonymat : «Par crainte d'endosser la responsabilité d'un mauvais geste ou d'un accouchement à risque à charge d'un spécialiste, les sages-femmes ne sont plus disposées à courir ce risque d'autant plus qu'au moindre pépin nous sommes appelées à la barre. Avant de porter le moindre jugement ou avis, les gens doivent avant tout venir voir dans quelles conditions exercent ces sages-femmes, faisant le plus souvent office, de garde malade, de psychologues, de gynécologues et d'obstétricienne. En dépit des innombrables sacrifices consentis par les sages-femmes, celles-ci, ne récoltent que de l'ingratitude.» Les responsables à tous les niveaux ayant promis de régler ce problème qui perdure depuis de longues années, n'ont malheureusement pas tenu leurs engagements. Il faut préciser que cette situation pénalise davantage les parturientes démunies ne pouvant débourser 20 000 DA pour un accouchement normal ou 50 000 DA pour une césarienne dans des cliniques privées. Il faut mentionner que certaines d'entres ces dernières ne sont pas exemptes de tout reproche. Ces établissements où la surveillance médicale n'est pas le point fort, ne disposent ni de banque de sang, ni de service de réanimation digne de nom et ni d'ambulance médicalisée. Ceci dit, les responsables ayant décidé de transférer l'hôpital-mère-et-enfant, vers le plateau d'El Bez où est implanté le CAC (centre anti-cancer), ont-ils vraiment pensé aux ressources humaines, devant assurer la bonne marche de cet hôpital pour lequel des budgets faramineux ont été dépensés, sachant que le temps de la charrue avant les bœufs est révolu ?