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Arrière-pays cherche médecins désespérément
Ils conditionnent leur affectation dans les hauts-plateaux et au sud
Publié dans El Watan le 12 - 09 - 2010

Plus de 10% des médecins chôment en Algérie. Les zones enclavées des Hauts-Plateaux et du Sud souffrent cruellement du manque de médecins, notamment de praticiens spécialistes. Les praticiens algériens estiment que leur installation dans le sud du pays doit s'accompagner de plus de moyens de travail et d'une compensation financière.
Pourquoi nos toubibs ne se bousculent pas pour s'installer dans l'arrière-pays ? Et pourquoi, en parallèle, les cadres du secteur de l'énergie et des mines se disputent les postes proposés dans le Sud ? Qu'est-ce qui fait fuir les uns et fait courir les autres ? De l'avis même des concernés, le problème est d'ordre purement matériel. C'est une question d'argent... Depuis des années, le gouvernement tente de trouver des palliatifs à ce problème, en vain. Il a tenté plusieurs expériences qualifiées par les praticiens de «replâtrage», car elles n'ont pas apporté les résultats escomptés.
La pénurie de médecins spécialistes dans les hôpitaux du Sud aggrave la souffrance des malades qui sont obligés de parcourir de longues distances (parfois jusqu'à 800 km) pour pouvoir trouver un médecin spécialiste dans un hôpital d'une autre wilaya. Ce calvaire au quotidien illustre bien la gravité de la situation en matière de prise en charge des malades du sud du pays. Cette région où repose toute la richesse naturelle du pays. Pour leur part, les médecins spécialistes qui partent dans le Sud presque forcés reviennent au Nord au bout d'une ou de deux années de service civil.
Pour combler ce déficit, les pouvoirs publics ont fait appel, dans un premier temps, aux médecins étrangers. Des dizaines de médecins spécialistes ont été «importés» de Cuba et de Chine pour être affectés dans les Hauts-Plateaux et au Sud. Ces praticiens sont formés dans les spécialités couvrant les besoins courants en matière de sécurité sanitaire des populations ciblées, à savoir la pédiatrie, l'ophtalmologie, la gynéco-obstétrique, l'anesthésie et la chirurgie générale. Cette démarche a soulevé l'ire de la communauté médicale. Dr Berkani Bekkat, président du Conseil national de déontologie, l'a d'ailleurs qualifié «d'imposture» : «C'est une aberration le fait d'importer de l'étranger des médecins spécialistes dont la compétence reste à démontrer. Au lieu de cela, les pouvoirs publics devraient accorder plus d'attention aux potentialités existant en Algérie et de leur proposer de meilleures conditions de travail pour aller vers l'intérieur du pays», a suggéré Dr Bekkat qui rejette en bloc les accusations portées à l'encontre des médecins.
Selon lui, les médecins ne crachent jamais sur un poste de travail à la condition que la rémunération soit à la hauteur de leur tâche. Ce faisant, Dr Bekkat regrette l'attitude du gouvernement qui n'a même pas su tirer profit du service civil. Dans ce sens, il faut savoir que la législation algérienne fait obligation aux spécialistes en médecine de consacrer, au gré de leur lieu d'affectation, une à deux années de leur vie professionnelle au service d'une infrastructure hospitalière publique qui leur est indiquée par une commission d'affectation placée sous l'autorité du ministre de la Santé.
«Oui pour le service civil, mais…»
Le service civil, instauré pour pourvoir les zones reculées aurait pu être un préalable à l'installation de cabinet privé et à l'amélioration des soins dans le secteur public. Malheureusement, les praticiens, contraints de faire ce service, reviennent chez eux au bout d'une année, car les autorités locales, selon leur témoignage, ne font rien pour les retenir. Pourtant, les médecins fraîchement diplômés se disent prédisposés à aller travailler dans n'importe quel région du pays à la condition que les autorités leur assurent les dispositions d'installation. Il aurait été plus judicieux, estime-t-on, de mettre en œuvre des moyens incitatifs, susceptibles d'encourager les spécialistes à travailler dans le Sud, plutôt que ce qui s'apparente à de la coercition.
«Avec un salaire minable, on ne peut pas contraindre les médecins à partir au Sud. Aucun individu n'acceptera d'abandonner sa famille, son poste de travail et son cadre de vie pour s'installer dans un endroit avec pour comble un salaire dérisoire», explique un médecin qui pense qu'un salaire d'un spécialiste dans les régions du Sud doit être le triple de celui exerçant dans le Nord. Cependant, d'aucuns estiment qu'avec la politique actuelle l'on assistera uniquement à un va-et-vient de médecins de et vers le Sud. Situation qui n'arrange guère la population. La relation existant entre le médecin et le malade est binôme, ceci implique qu'un changement de médecins, chaque huit mois éreintera les malades qui méritent une assistance permanente.
«Le médecin a besoin de temps pour connaître les habitudes de la population. Si l'on change systématiquement de médecins, le malade payera les frais de cette défaillance», dira le Dr Bekkat, qui explique qu'il existe pourtant plusieurs manières de pousser un spécialiste à s'installer dans le Sud. Il cite l'exemple d'exonérer les médecins, qui veulent ouvrir un cabinet médical, de l'impôt pendant trois ou quatre ans. Cette mesure incitative encouragera le médecin à rester pendant longtemps dans la région ; offrir des logements adéquats dans un endroit agréable est une autre mesure incitative... Dans le milieu des médecins, beaucoup sont conscients du triste vécu de la population du Sud, mais face aux multiples obstacles auxquels ils font face, ils optent pour la stabilité.
«Importer des médecins est une insulte»
«Chaque problème a sa solution, mais l'Etat choisit toujours les fausses solutions, à l'image de l'importation de médecins de l'étranger. Faire appel à des étrangers dans le cadre de la recherche est un acte louable, mais pour faire de la médecine courante, c'est une insulte aux médecins algériens», déplore un médecin qui ne comprend pas la stratégie du gouvernement. Il est injuste de demander aux spécialistes de faire le service civil et le service national avant d'ouvrir un cabinet privé : «L'Etat devrait légiférer sur cette question et promettre plus d'avantages aux praticiens», observe un médecin spécialiste. Celui-ci rappelle qu'une spécialité en médecine requiert plus de 14 années de coûteuses et laborieuses études médicales, au terme desquelles les praticiens espèrent être payés en retour par l'exercice d'un métier valorisant et bien rémunéré.
«Si après tant d'années de sacrifice, le médecin spécialiste est orienté vers le sud du pays où les conditions de travail, d'accueil et de dépense sont pénibles, il est évident qu'il n'accepte pas et c'est tout à fait légitime», se défendent les toubibs. Mais alors, qu'est-ce qui empêche l'Etat d'investir dans le Sud ? s'interrogent les médecins. Tous sont persuadés qu'un investissement dans ces régions pourrait régler le déséquilibre existant en matière de carte sanitaire. Les pouvoirs publics doivent revoir leur système de santé et il faudra mettre le prix s'ils veulent que la destination sud devienne attractive. Dr Youcefi, porte-parole du Syndicat des praticiens spécialistes, pense que le problème de la couverture médicale dans les zones enclavées ne doit pas se régler par le service civil. «C'est une fausse solution, une injustice et une démarche anticonstitutionnelle ; nous sommes les seuls universitaires à avoir cette obligation de service civil.
Elle est considérée comme une corvée pour les spécialistes», explique-t-il, en se demandant pourquoi Sonatrach multiplie les salaires des cadres qui partent au Sud et le secteur de la santé hésite à mettre la main à la poche. L'Algérie, de son avis, a les moyens financiers, d'autant plus que la santé n'a pas de prix. «Si l'on donne aux spécialistes un logement et un bon salaire ils partiront volontairement. Si l'on donne un salaire avoisinant celui que touche un député, le praticien réfléchira. Arrêtons donc de tourner autour du pot et de donner des solutions biaisées», note le chef de file des spécialistes qui veulent une solution claire et radicale et non pas du replâtrage. «Si je travaille au CHU Mustapha Pacha ou à Tamanrasset, normalement il n'y a aucune différence. Seulement il faudra prendre en considération le tarif du billet d'avion, la cherté de la vie... Si l'on ne rémunère pas bien le spécialiste et on ne lui donne pas son dû, il ne quittera jamais le Nord», précise le Dr Youcefi.
Pour ce dernier, la volonté politique fait défaut d'où la persistance du problème. «Lorsque l'Etat a voulu augmenter les salaires des députés, il l'a fait sans aucune hésitation. Il peut bien revoir les salaires des médecins qui veulent partir au Sud, d'autant plus que cet investissement est à long terme», révèle Dr Youcefi. Le syndicat des spécialistes revendique depuis 15 ans une démarche sérieuse pour la couverture sanitaire de toutes les wilayas du Sud.
Ce n'est que l'année dernière que les pouvoirs publics ont compris que l'idéal serait d'envoyer une équipe des différentes spécialités au chef-lieu de wilaya et non pas un chirurgien par wilaya. «Des instructions ont été données aux walis pour la prise en charge convenable des spécialistes, malheureusement, les autorités locales ne jouent pas tout le temps leur rôle d'où l'intervention du ministère de tutelle pour la réaffectation des spécialistes. Ce n'est pas normal», remarque Dr Youcefi.


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