Le secrétaire général de l'Otan ne craint pas la contradiction au sujet du conflit afghan, ce qui est en soi révélateur de ce qui se passe réellement sur place. Ou encore, qu'il faille faire preuve de prudence. Effectivement, Anders Fogh Rasmussen a dit espérer que les soldats de la coalition internationale en Afghanistan puissent commencer à transférer la responsabilité de la sécurité du pays aux forces afghanes à partir de l'an prochain. L'Alliance atlantique compte annoncer ses projets de transition lors du prochain sommet de l'Otan, à Lisbonne, les 19 et 20 novembre. Le président Barack Obama a, de son côté, annoncé que les soldats américains amorceraient leur retrait d'Afghanistan à partir de juillet 2011. Une semaine plus tard très exactement, le chef de l'OTAN affirmait le contraire, en soulignant que les forces en question resteront en Afghanistan «le temps qu'il faudra pour finir le travail», assurant même, comme s'il s'agissait de répondre aux talibans qui se déclarent quant à eux sûrs de leur victoire, que «la défaite n'est pas une option, nous vaincrons. Les talibans ne gagneront jamais, ni ne reviendront au pouvoir par la force», a affirmé l'ex-Premier ministre danois, un objectif déjà fixé en 2001. Allant encore plus loin et comme si cette fois il s'agissait de fixer cet objectif dans le temps, le secrétaire général de l'Otan annoncera que 2011 ne marquerait pas le retrait des troupes occidentales d'Afghanistan, mais il n'est pas revenu sur la date de retrait que lui-même avait annoncée, celle de 2014. Beaucoup a été dit sur cette situation, surtout que certains pays ont, de manière unilatérale, annoncé la fin de mission pour leurs soldats, sans que cela signifie la fin de la guerre. Quelle stratégie alors ? Militaire ou politique, à moins que ce ne soit les deux à la fois ? Le président afghan, Hamid Karzaï, a déjà annoncé le 4 septembre la mise en place d'un conseil pour des discussions de paix avec les talibans. Le chef de l'OTAN a, lui aussi, assuré qu'«il n'y a pas de solution militaire uniquement au conflit en Afghanistan». Les talibans ont, à de multiples reprises, rejeté les propositions de dialogue, qualifiant Karzaï de marionnette des Etats-Unis et ne se déclarant prêts à négocier la paix qu'une fois que les troupes étrangères auront quitté le pays. C'est également l'analyse de l'IISS (Institut international d'études stratégiques de Londres) pour qui «l'avenir est manifestement du côté des négociations avec ou entre les participants au conflit». Cependant, tient-il à souligner, retirer trop tôt les quelque 150 000 soldats déployés pourrait causer une «implosion en Afghanistan», mais poursuivre la mission actuelle «risque de mener à une catastrophe prolongée en raison de conceptions désuètes». L'annonce de ce changement survient alors que l'insurrection s'est intensifiée, comme le confirme le commandant des forces internationales en Afghanistan. Le général américain, David Petraeus, a admis mardi 31 août 2010, que les talibans, qui ont tué en cinq jours 23 soldats de l'Otan, dont 22 militaires américains, étendaient leur présence en Afghanistan. Mais il a également estimé que ces pertes record dans les rangs de la coalition étaient la conséquence des importants renforts dépêchés par les Etats-Unis ces derniers mois afin de fournir un effort de guerre «approprié» qui, selon lui, est en train d'atteindre sa «phase finale». Quelle stratégie donc pour l'Afghanistan où la coalition internationale éprouve apparemment du mal à lever de nouvelles troupes, ou encore de faire basculer la population afghane marquée par la multiplication des erreurs de frappes, et en butte à de nouveaux fléaux dont la corruption.