A quelques jours de la célébration du 51e anniversaire du 1er Novembre 1954, un événement fâcheux est venu semer le trouble et provoquer l'affliction des Algériens. Il s'agit de la profanation des tombes de Abane Ramdane et Ali Mellah au Carré des martyrs du cimetière El Alia à Alger. Contacté hier, Ali Abane, le neveu de Abane, était encore sous le choc. « Il s'agit bien d'une profanation et non de quelques carrelages arrachés par le vent. Trois plaques de marbre ont été arrachées et j'ai pris des photos qui prouvent mes dires », a-t-il affirmé. Qui est derrière cet acte inqualifiable ? Pour lui et au regard de la confusion qui règne en Kabylie, « on ne peut pour le moment que parler de suppositions ». « C'est peut- être une provocation du pouvoir ou d'autres cercles. En tout cas, je vais déposer aujourd'hui une plainte contre X », a-t-il dit. Il y a aussi, selon lui, d'autres explications. « On a occulté le personnage pendant longtemps. Il en résulte un malheureux état d'amnésie historique. La jeunesse algérienne est à la recherche de ses repères. Il y a aussi des personnes qui jusqu'à présent ne lui ont pas pardonné de leur avoir fermé les portes de l'histoire par rapport au Congrès de la Soummam qui a été le fondement de la nation algérienne. » En effet, Abane Ramdane a tracé les grandes lignes du mouvement révolutionnaire. Elles consistent à créer un Etat dans lequel l'élément politique l'emporte sur l'élément militaire. Il a également opté pour le pluralisme politique et linguistique en Algérie. Fin politicien, son franc-parler et sa grande instruction lui valent des envieux. « On ne parle même pas des circonstances exactes de son exécution », souligne-t-il. Dans les Mémoires de Ali Kafi, un livre qui a provoqué une polémique, il a été mentionné : « Abane avait des contacts secrets avec l'ennemi qu'il n'avait pas divulgués à ses collègues dans la direction jusqu'à ce qu'ils les aient découverts par leurs efforts et leurs propres moyens. Et c'est là où les soupçons l'ont entouré. Cela poussa ses collègues à le persuader d'aller avec eux au Maroc sous prétexte de rencontrer le roi Mohammed V. Là il fut jugé et exécuté. Abane n'avait ni une orientation de gauche ni des ambitions idéologiques, sinon celle d'étendre son pouvoir sur la révolution et d'arracher ses leviers de commande à la délégation extérieure. » Et Ali Abane d'affirmer : « La valeur de l'homme se mesure au nombre de ses ennemis. Il a grandi à mes yeux et la profanation n'a fait que confirmer sa grandeur. Il dérange encore beaucoup de monde. »