Suite à la profanation des tombes de Abane Ramdane et Ali Mellah, aucune réaction officielle n'a été faite. Ali Abane, le neveu du révolutionnaire, explique cela par « une certaine démobilisation et une déconnexion de la réalité ». Il nous a même dit que « certains proches de sa propre famille ignorent même cet événement fâcheux ». A ses yeux, il s'agit « d'une amnésie historique qui se paye socialement par la perte de références ». L'amnésie collective dont souffre le pays est l'un des principaux obstacles à un débat public, qui a abouti à une perte de mémoire. Les officiels ont littéralement rompu certains liens les rattachant au passé, assorti de faux dilemmes. Les Algériens ont besoin de repères et les grands personnages de la révolution algérienne contribuent à mieux s'identifier. Abane Ramdane a toujours constitué une énigme dans notre histoire nationale. Cette particularité est due au caractère exceptionnel de cet homme qui a su marquer la révolution. Elle est due aussi à la manière avec laquelle les gardiens de la mémoire officielle ont orienté l'écriture de cette page de notre histoire. Les déformations, les négations ou les omissions accentuent la désorientation générale. Tout en précisant qu'il n'est pas « partisan d'une marche », il nous a informés de son intention dans les prochains jours de faire un appel pour une cérémonie de recueillement au cimetière d'El Alia avec dépôt de gerbe de fleurs et prise de parole. L'organisation d'une conférence de presse est envisageable. Il demandera encore une fois aux plus hautes instances du pays de révéler la vérité historique sur l'assassinat de Abane Ramdane et de procéder au rapatriement de ses ossements. Ali Abane affirme avoir déjà écrit deux lettres ouvertes dans ce sens au président de la République, Abdelaziz Bouteflika. « A ce jour, aucune réponse de sa part », note-t-il.