Cet acte ignoble, qui porte atteinte à deux symboles de la Révolution/personname /, s'est produit entre le 20 et le 23 octobre, selon le neveu de Abane, alerté par le fils de Ali Mellah. Tout en dénonçant ce fait gravissime, intervenu à quelques jours de la célébration du 1er Novembre, les proches des héros de la Révolution/personname / comptent déposer une plainte contre X. Scandaleux ! Gravissime! Alors que l'Algérie s'apprête à célébrer le 51e anniversaire du déclenchement de la révolution de novembre 1954, les tombes de Ramdane Abane, l'architecte de la Révolution, et de Ali Mellah, premier chef de la wilaya VI (le Sahara), inhumés au carré des martyrs au cimetière d'El-Alia (Alger), sont profanées. “C'est inqualifiable”, étouffe d'indignation Ali Abane, neveu de l'architecte du Congrès de la Soummam. Il ne s'explique pas comment des actes aussi ignobles puissent se produire dans un cimetière où sont regroupés et enterrés les symboles de la nation. En effet, le carré des martyrs est censé être surveillé jour et nuit par les services de sécurité. Rencontré hier, Ali Abane relate les faits : “C'est Amar, le fils de Ali Mellah, qui m'a alerté lundi par téléphone. Assistant à l'enterrement d'un de ses voisins à El-Alia, il a alors constaté la profanation. Le lendemain on est repartis ensemble. Nous avons pris des photos. J'ai grondé les gardiens qui se sont plaints de ne pas être en nombre suffisant”, a-t-il soutenu. Et de reprendre : “Hier matin, Amar Mellah, retourné à El-Alia, a constaté que tout a été rebouché.” Selon lui, les faits se sont produits entre le 20 et le 23 octobre. Si pour le moment, il ignore l'identité des profanateurs, il n'a pas manqué toutefois de montrer du doigt le pouvoir, l'accusant de vouloir “provoquer la région”. Et d'expliquer : “Curieusement seules les tombes de Abane Ramdane et de Ali Mellah sont profanées.” “Dans tous les cas de figure, la faute revient à l'Etat. Il est de sa responsabilité de protéger les sépultures des héros de la révolution de tout saccage”, tranchera-t-il. Maintenant que le forfait est commis, que compte-t-il faire ? “Notre démarche est simple. Nous voulons alerter d'abord l'opinion publique par le biais de la presse. Ensuite on procédera à un dépôt de plainte”, explique Ali Abane. La tombe cadastrale de son oncle a-t-elle déjà subi un tel sacrilège ? “Non. C'est la première fois que cela se produit”. Mais si sa sépulture est à sa première profanation, ce n'est pas le cas de sa mémoire qui a eu à subir bien des parjures. On se rappelle les fameuses et infondées accusations de traîtrise profanées à l'encontre de Abane par l'ex-président de la république, Ahmed Ben Bella, sur les plateaux de la chaîne satellitaire arabe Al-Jazeera. Dans ses Mémoires, Ali Kafi, ex-président du HCE, a lui aussi jeté l'opprobre sur lui. Autre chose. Ali Abane affirme avoir écrit deux lettres ouvertes au président de la république, Abdelaziz Bouteflika, lui demandant de révéler la vérité historique sur l'assassinat de Abane Ramdane et de procéder au rapatriement de ses ossements. “À ce jour aucune réponse de sa part”, note-t-il. Et de remarquer sentencieusement : “Les despotes n'aiment pas la mémoire. Pour eux l'histoire commence avec eux.” L'enseignement officiel de l'histoire contemporaine du pays n'a pas échappé à la critique du neveu de Abane. “Quand on ignore son passé, on ne peut que s'attendre à ce genre de forfait. Car quel est cet algérien connaissant vraiment la valeur de Ramdane Abane et Ali Mellah qui oserait s'en prendre à leur sépulture ?” soutient-il. En effet tout est question d'enseignement de l'histoire. ARAB CHIH