La commune chef-lieu de la wilaya de Annaba est devenue un lieu à hauts risques. Pour les délinquants et les repris de justice, exhiber une arme blanche ou la mettre sous la gorge d'une victime pour la dépouiller de ses biens devient une pratique courante et non réprimée. « Les prisons sont saturées », est l'argument tout trouvé pour justifier la mansuétude des magistrats à leur égard. Au groupement de la Gendarmerie nationale, statistiques à l'appui, l'on affirme que la petite criminalité est en baisse. La même source n'a pas précisé où les gendarmes ont intervenu. En milieu urbain, la réalité du terrain est différente. Jamais les vols en tous genres, agressions et crimes n'ont atteint un niveau aussi alarmant. Par groupe de deux ou de trois, le couteau bien apparent, les truands n'hésitent pas à s'attaquer aux voitures en stationnement pour les vider de leur contenu. Les jeunes filles, femmes et personnes âgées sont particulièrement ciblées par les agressions. C'est à un autre type d'agression que s'adonnent les gérants des locaux commerciaux du centre-ville. Sous les yeux des représentants de la loi et sous les balcons du wali, du maire, du chef de daïra et des magistrats, ils agressent le regard des piétons en transformant les trottoirs et la voie publique en un lieu de stockage ou d'achalandage de leurs produits. C'est comme si Annaba est une République à part où les atteintes aux biens, aux personnes et au patrimoine public sont une loi. L'on ne compte plus les bagarres à couteaux tirés entre voisins. Ce vendredi, les agents du CHU Ibn Rochd ont été contraints de fermer le portail des urgences, car des membres d'une même famille voulaient tuer un jeune hospitalisé. Une heure auparavant, il avait mortellement suriné un père de famille de 34 ans. Ces derniers temps, à Annaba, petits et grands dégainent le couteau à cran d'arrêt ou de boucher sur la voie publique, dans les établissements scolaires ou dans les administrations. « Tiré, le couteau doit être remis dans la poche ou dans son étui tâché de sang. C'est le principe de tout détenteur d'une arme blanche, et ils forment la majorité dans notre CEM », prétend cet élève du CEM El Bouni. Dans ce même établissement, un élève avait été tué d'un coup de couteau par un de ses camarades de classe. A la cité Kouba, El Bouni, Sidi Salem, cité Seybouse et dans une localité proche de Annaba, 5 corps de jeunes ont été étripés. Un 6e, celui d'une jeune fille de 34 ans, avait été mis à la morgue du CHU Ibn Rochd de Annaba. Un coup de pilon asséné à la nuque par une de ses voisines avait mis fin à ses jours. Au CEM Bouzered Hocine, la plupart des élèves ont une arme blanche dans la poche ou dans le cartable. Ils n'hésitent pas à s'en servir en cas de besoin. Autour de ce CEM sévit en toute impunité une bande de « casseurs » d'autos et voleurs de portables. A la direction de l'éducation comme dans les établissements scolaires, l'on ne semble pas prendre au sérieux ce phénomène de port d'arme blanche et de consommation de drogues et de psychotropes dans les CEM et les lycées.