Les incidences de cette inconscience sont évidemment fâcheuses, surtout en matière de santé, d'éducation et de scolarité des enfants. Trois familles sont entrées en grève de la faim depuis plus d'une semaine à Guelma. Les raisons de leur ultime cri de désespoir sont une demande de logement qui est restée sans écho. À quelques détails près, chacune d'elle a une histoire. Cependant, toutes ont été jetées à la rue par le propriétaire. Les plus récalcitrantes ont squatté des locaux publics, mais ont fini par tomber sous le couperet de la loi. En effet, ces familles sont victimes d'accidents de parcours, d'événements graves ayant engendré une rupture des liens sociaux, pouvant aller à l'exclusion liée au logement. Ainsi, sur la route de Belkheir à proximité de l'usine de céramique, deux familles ont élu domicile depuis le mois de juillet, sous des tentes et des baraques de fortune. Elles y ont passé le mois de Ramadhan. Hier, sous une pluie diluvienne, elles y étaient encore. De l'autre côté de la ville, à la cité Bara Lakhder, une famille vit sous une guitoune depuis le mois d'août. Le père, un jeune, la trentaine, a dressé une tente face à l'entrée du siège de la wilaya, pour attirer l'attention.
La banderole n'est pas explicite. «En grève de la faim». Nous l'avons questionné sur les raisons de son acte. Il répond: «Parce que nous vivions chez mes parents, ma femme, moi et notre enfant, dans une habitation exiguë, j'ai choisi de partir. Faute de logement, après plusieurs demandes, nous avons dû squatter un local de l'OPGI durant 6 mois. Nous avons été expulsés et c'est normal. J'ai demandé aux autorités un logement ou du moins un logis de transit, en vain !» Après la chaleur de l'été, le froid de l'hiver pointe. Les pouvoirs publics auront-ils le courage de mettre à l'abri ces quelques familles SDF ? À cette question, Rachid Allami, P/APC de Guelma, nous répond: «La mairie ne peut pas prendre en charge les cas sociaux, notamment ceux ayant fait l'objet d'une expulsion par décision de justice. Nous ne disposons pas également de logis de transit». Et d'ajouter: «Néanmoins, pour les catastrophes naturelles, nous avons des solutions pour reloger les sans-abri». Cette forme d'exclusion a un impact des plus graves sur la santé, l'accès à l'emploi et l'éducation, principalement celle des enfants. Mais les autorités locales ne semblent pas y accorder trop d'importance. «Ils n'ont qu'à faire comme tout le monde, louer un appartement en attendant des jours meilleurs», lance le maire. On ne peut pas être plus cynique ! Et cela provient d'un élu, s'il vous plaît !