La société algérienne est en proie à différentes formes de violence. Au sortir d'une décennie de douleur où l'usage de la violence s'est banalisé jusqu'à devenir un mode d'expression au quotidien, la société semble avoir adopté la brutalité et l'exprime sous ses jours les plus sombres. Ainsi, ce qui était jadis un blasphème, une grande offense, est devenu un phénomène répandu et ajoute à la vie en société malaise et ennuis. La violence à l'égard des ascendants est même devenue un phénomène récurrent. Il ne s'agit pas de signes de révolte d'une génération contre le pater familias, mais de l'expression d'une dilution des valeurs, de l'absence de repères et surtout de la domination du sentiment d'impunité. Dans un bilan établi par les services de la Gendarmerie nationale, il est fait état de 212 cas de violence et d'agression contre ascendants enregistrés sur tout le territoire national durant les huit premiers mois de l'année 2010, en plus de 8 autres cas recensés pour le seul mois d'août. Un taux en légère baisse par rapport à celui enregistré durant la même période l'année dernière avec 251 affaires traitées, en sus de 46 cas enregistrés durant le mois d'août. Sétif arrive en tête du classement des wilayas où les violences à l'égard d'ascendants sont relevées avec 17 cas pour l'année 2010 et 39 en 2009. Il se trouve toutefois que toutes les wilayas du pays sont concernées, attestant que ce type de violence devient bel et bien un phénomène apparent. Le bilan de la Gendarmerie nationale souligne qu'il ne s'agit là que des cas où les parents acceptent de porter plainte contre leur progéniture. 121 personnes se trouvent en prison des suites des plaintes et affaires traitées durant l'année en cours. La violence à l'égard des ascendants émane aussi bien des garçons que des filles et elle est dirigée aussi bien contre le père et contre la mère. Sur 209 parents agressés cette année, 105 pères ont été victimes d'agression de la part de leurs enfants et 104 mères ont été agressées, contre 277 parents agressés en 2009 (157 pères et 120 mères). Le même bilan précise en outre que la majorité des agresseurs sont au chômage. Cette situation ne justifie par leur acte, mais explique les conditions sociales qui sont susceptibles de mener à l'irréparable. A noter que sur 263 personnes arrêtées en 2009 dans le cadre d'affaires de violence contre ascendant, 9 sont mineures. L'augmentation inquiétante de ce phénomène menace la cellule familiale de désagrégation. La loi condamne, pour rappel, les atteintes à l'intégrité physique des parents à travers l'article 267 du code pénal, qui prévoit une peine de 5 à 10 ans contre toute personne ayant agressé son ascendant sans lui causer un arrêt de travail. Il condamne aussi d'une peine allant de 10 à 20 ans de prison toute agression dont résultera un handicap chez la personne agressée et d'une peine de prison à perpétuité lorsque l'agression mène à une mort involontaire.