Ahmed Ouyahia prépare l'opinion algérienne au pire à travers le constat critique qu'il a fait face aux députés sur le programme précédent qui a nécessité une rallonge de 130 milliards de dollars au moment où il présentait son programme 2010-2014 pour lequel il prévoit une enveloppe de 155 milliards de dollars. Dans sa présentation, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, introduit son propos par le montant de 21 000 milliards de dinars, soit 286 milliards de dollars nécessaire durant cette période. Il relèvera que «la conjoncture économique internationale des deux dernières années confirme la fragilité de tout développement chaque fois que les fondamentaux de l'économie concernée sont atteints». Il signale que «des turbulences sérieuses persistent toujours après une grave crise financière puis économique internationale, et le retour réel de la croissance se fait encore attendre y compris dans les pays développés». Mieux encore, il demande de retenir que «toutes les recettes fiscales de cette année, y compris la fiscalité pétrolière, suffisent à peine au financement du budget de fonctionnement». Grosso modo, Ouyahia incombe le retard industriel et économique du pays à la vétusté de l'outil de production et au terrorisme, sans tomber dans le fatalisme. Passant en revue, le bilan des 18 derniers mois, qui marque la fin du programme quinquennal 2005-2009, Ouyahia tente d'expliquer le montant «exagéré» destiné à l'investissement public en plus du reliquat de 130 milliards de dollars pour poursuivre l'achèvement de l'ancien programme. Ces reliquats, selon lui, sont des «programmes supplémentaires de développement» engagés en 2006, soit deux années après l'adoption du premier quinquennat 2005-2009. Ayant nécessité près de 1270 milliards de dinars (plus de 17 milliards de dollars) de plus. Ce n'est pas tout, les programmes complémentaires s'ajoutent entre deux plans de développement, tels que le parachèvement, à fin 2009, de500 000 logements financés ou aidés par l'Etat enregistré à la fin décembre 2009, ou les extensions des routes, barrages et autres infrastructures. En fait, ces reliquats sont dus à «retards», justifiés par «la rareté du foncier, la saturation de l'outil d'études et réalisation, aux allongements des délais dans l'approbation des projets publics, ainsi que l'insuffisance de maturation des projets ou le renchérissement des intrants». Pour la seule année 2010, ces reliquats ont représenté 815 milliards de dinars (plus de 11 milliards de dollars). Encore une fois, le recours au fonds de régulation des recettes Le programme «neuf» de 155 milliards de dollars risque d'absorber la majeure partie des réserves en devise du pays. L'épargne nationale est estimée à 4 000 milliards de dinars, du fonds de recettes qui est peu utilisé par les investisseurs nationaux, d'où les surliquidités décriées. Ouyahia invite à puiser dans ce FRR avant le renchérissement des coûts tout en maintenant une épargne de 10 milliards de dollars. Pour lui, ce financement est possible si un «consensus national graduel» s'instaure à propos de la «rigueur» des dépenses publiques, des réductions des «gaspillages», l'amélioration de la compétitivité de l'économie nationale «sans remise en cause de la justice sociale». Au plan de l'aménagement du territoire, tel que défini dans le plan à l'horizon 2030 adopté cette année, quatre nouvelles villes seront réalisées pour un montant de 500 milliards de DA (Nouvelle Ville de Sidi Abdallah, Bouinan, Boughezoul et Menea) en plus de Hassi Messaoud qui relèvera du secteur pétrolier. Or, «le développement humain placé au service du développement économique» absorbe, à lui seul, la moitié du budget 10.122 milliards DA (près de 140 milliards de dollars, sur un total de 286 milliards de dollars). Il englobe tous les paliers de la formation (5000 écoles, lycées et collèges, 50.000 nouveaux enseignants, 600.000 nouvelles place pédagogiques universitaires, etc.), la santé (172 hôpitaux nouveaux), l'habitat (2 millions de logements, dont 800.000 seront encore en construction en 2014), le raccordement électricité- gaz- eau, la jeunesse et sport. En dépit de ces programmes, l'investissement productif demeure faible, notamment celui des entreprises publiques piégées dans des difficultés financières et les investissements étrangers qualifiés «non- significatifs», indique-t-il. Enfin, Ouyahia se fixe quatre objectifs économiques, durant les cinq prochaines années : augmenter la part de l'industrie à 9% dans le produit intérieur brut (PIB) et à 8% pour l'agriculture, réduire le chômage et enfin doubler la production de Saïdal en investissant 17 milliards de dinars.