La transplantation hépatique (greffe du foie) est actuellement pratiquée au niveau d'un seul centre à Alger avec une moyenne de neuf malades par an. Ce que les spécialistes jugent de très insuffisant, puisque la demande augmente d'année en année. Aucune statistique fiable concernant les besoins réels pour cette technique n'est pour le moment avancée. Mais, eu égard au nombre de dossiers de patients traités dans les différents services de gastroentérologie, les spécialistes évaluent déjà la demande à près de 100 à 200 par an. «Il faut savoir que les patients souffrant de maladies hépatiques les plus graves et nécessitant une greffe finissent par mourir. Il nous est donc, aujourd'hui, impossible de donner un chiffre exact des malades en attente d'une greffe», nous a expliqué le professeur Graba, chef du service de chirurgie-oncologie au CPMC et président de la Société algérienne de chirurgie, en marge des travaux du 18e congrès qui a pris fin hier à l'hôtel Hilton. Il estime, au même titre que les autres spécialistes, que cette technique nécessite des moyens matériels colossaux et des équipes multidisciplinaires spécialisées dans le domaine. Rappelons que le lancement de cette activité durant les premières années a pu être effectué grâce à l'aide des caisses de Sécurité sociale et en collaboration avec l'équipe de l'hôpital de Rennes en France. Un programme qui a connu un ralentissement vu qu'aucune aide financière n'est venue donner un nouveau souffle à cette pratique, pourtant indispensable, sachant qu'un bon nombre de patients décèdent dans les hôpitaux. L'équipe du CPMC tente de maintenir le cap avec les moyens du bord du service de chirurgie. Ce qui ne peut durer, car la transplantation hépatique «nécessite un plan spécial étant donné que la technique est très pointue et le malade a besoin d'un suivi rigoureux après cette intervention chirurgicale», précisent les spécialistes. D'où les recommandations formulées lors de ces deux journées de travaux, en l'occurrence l'impérative urgence de créer l'agence de biomédecine qui permettra de mieux organiser l'activité de greffe. Les équipes médicales ont bon espoir de faire redémarrer cette activité, à condition de leur offrir un environnement adéquat. Ce qui leur permettra de passer à l'étape supérieure, celle de pouvoir réussir dans les prochaines années la transplantation hépatique à donneur cadavérique. Un «chantier» auquel l'Algérie (les professionnels de la santé, les religieux, les pouvoirs publics et la population) se doit d'adhérer et aider à bâtir une solidarité autour d'un geste qui est le don d'organes pour sauver des vies. A noter que la transplantation hépatique est indiquée chez des patients atteints de maladies chroniques du foie en phase terminale pour lesquels il n'existe aucune solution alternative et ceux souffrant d'une hépatite fulminante, une maladie mortelle. Elle est aujourd'hui considérée comme une véritable révolution dans la prise en charge de toutes ces maladies en offrant une amélioration de la survie.