Molitell (Moulins du Tell), une filiale de l'Eriad d'Alger dont le siège se trouve à Blida, est à la recherche d'un partenaire. Ainsi, son capital est ouvert au privé afin de «sauver cette filiale d'une mort certaine» surtout qu'elle active dans un secteur monopolisé par quelques meuniers privés seulement. Un appel à manifestation d'intérêt national et international a été d'ailleurs lancé, au cours du mois d'octobre, par la société de gestion des participations (SGP Cegro) qui détient le portefeuille des Eriad. Cela concerne Molitell, mais aussi les Moulins de Tizi Ouzou. Selon un communiqué émanant du groupe Eriad, les partenaires étrangers ne peuvent pas racheter plus de 49% du capital de ses filiales, contrairement aux nationaux qui peuvent aller jusqu'à 66%. M. Hamani, directeur général de Molitell, insiste : il ne s'agit surtout pas d'une privatisation ou d'une vente aux enchères, mais d'un partenariat. «On a un savoir-faire datant de plusieurs décennies ainsi que des structures importantes de 24 000 m⊃2; qu'on n'arrive pas à rentabiliser. La cause : certains de nos équipements sont devenus obsolètes et il nous est impossible de concurrencer les dizaines de meuniers privés qui activent à Blida et sa région», reconnaît notre interlocuteur. Conséquence : les travailleurs des deux unités appartenant à Molitell sont restés, à maintes reprises, sans salaire et l'entreprise continue de faire face aux problèmes liés à l'endettement. En évitant de nous communiquer les montants des dettes auxquelles les banques et les fournisseurs doivent à cette filiale d'Eriad Alger, M. Hamani a préféré évoquer le recours de Molitell au processing (prestation de service relative à la trituration du blé au profit d'un conditionneur de farine) comme un palliatif, en attendant des jours meilleurs. «Le processing nous permet, au moins, d'assurer notre survie afin de pouvoir payer nos 140 travailleurs et couvrir les différentes charges», a-t-il insisté. Mais le processing reste une solution provisoire, en attendant de réaliser de vrais investissements. A travers le partenariat, les dirigeants de Molitell comptent donc optimiser le fonctionnement de leur entreprise, et ce, à travers le renouvellement de certains équipements qui datent d'une quarantaine d'années, le recrutement de nouveaux travailleurs et surtout la remise en service de l'unité des pâtes de Ben Badis (route de Chréa), qui existe depuis 1936. «Si on avait des machines sophistiquées et les moyens de notre politique, nous pourrions concurrencer les autres meuniers, car nos produits sont de bonne qualité et ont plus de notoriété», renchérit-il. Cela est-il vrai, la crise que connaît Molitell est-elle vraiment liée au problème de la vétusté de ses équipements ? La réponse est logiquement non. Dans ce sens, cette filiale, à travers son unité Ismaïlia, a bénéficié, au début des années 2000, de 8 millions de dollars d'investissement de l'Etat pour le renouvellement de ses équipements. La minoterie a alors été totalement rénovée et équipée d'une technologie de pointe. C'est M. Djaâboub, ministre du Commerce de l'époque, qui avait inauguré cet investissement, tout en se montrant fier de ce genre de réalisation. Il était même question, à l'époque, d'exportation. Finalement, en dépit de ce lourd investissement, l'unité Ismaïlia n'a pas fabriqué son propre produit et a eu recours au processing au profit de deux opérateurs économiques (Blanky et La Belle), lesquels ont trituré leur matière première dans cette unité de Molitell. Il n'y a donc pas eu de produit sous le label Molitell. Les produits issus du processing demeuraient, bien évidemment, sous les labels de Blanky ou de La Belle. Des contrats ont été établis entre ce prestataire de services et ses deux clients, mais qui ont fini par des scandales. Des responsables de la filiale blidéenne d'Eriad Alger ont été poursuivis pour «détournement de deniers publics, dilapidation, établissement de contrats non conformes à la législation et faux et usage de faux». Comme quoi le secteur industriel public n'est jamais épargné par les scandales. Les Moulins du Tell de Blida bénéficieront-ils d'un nouveau partenaire capable de booster une entreprise qui était jadis l'un des fleurons de l'industrie meunière en Algérie ? L'avenir nous le dira.