Sur scène, les artistes coréens du Gamblerz Crew et du Bisang ont prouvé que la tradition et la modernité vont ensemble. Les jeunes Coréens du Gamblerz Crew sont les champions du monde de la danse hip-hop. Vendredi soir, ils ont fait une halte à la salle El Mougar à Alger, à la faveur de la venue de la troisième caravane express d'amitié arabo-coréenne. Ce groupe de B Boy a émerveillé les nombreux présents. Ils ont entre 18 et 29 ans et portent des surnoms curieux : «The end» (la fin), «Soul Soy» (soja d'esprit), «Noodle» (nouille), «Kill» (tue), «Cosmic rocket» et «Bruce Lee». Dans le langage du B Boy, on appelle cela blaze. Sur les dix-neuf membres du Gamblerz Crew (l'équipe de flambeurs en anglais), créé en 2002 à Séoul, sept ont fait le déplacement à Alger. Vêtus de rouge et de blanc, ils ont occupé tout l'espace de la scène en explorant la mécanique instable et évolutive du hip-hop : vrille, coupole, thomas, niney nine, spin… Les phases étaient inspirées par des scènes de film tels que Transformers ou Terminator. Les danseurs s'amusaient aussi en imitant des animaux. Aussi, fallait-il une incroyable gymnastique pour reproduire les gestes de la grenouille ou de la mante religieuse. Par air ou par terre, les B Boy, à la souplesse naturelle, n'avaient aucune gêne à sauter dans tous les sens de la géométrie. Sur scène, ils inventaient une «battle», à l'image de celles des breakers new-yorkais ou ceux de Los Angeles, pour se moquer des «mauvais» danseurs ! C'est le principe de la battle : montrer les meilleurs. La culture urbaine du hip-hop est le cœur battant de cette performance. Et comme les Coréens sont attachés à leurs traditions, ils ont tenté la fusion entre hip-hop et les percussions pastorales du Samulnori. Drapés de tenues traditionnelles, avec un étrange ruban blanc sur la tête, quatre joueurs et danseurs du Samulnori se sont mélangés aux breakers. Cela a donné un spectacle original. Oui, mais le Samulnori, c'est quoi au juste ? C'est simple : en coréen, samulnori signifie «jeu des quatre objets». Les objets sont, en fait, quatre instruments : chang-gu, qui a la forme du sablier, buk, un tambour, jing, grand gong, et kkwaenggwari, petit gong. Pendant des années, les paysans coréens ont développé cette musique sans cordes pour fêter les bonnes récoltes au printemps, le plus souvent en intérieur. Le samulnori, comme c'est souvent le cas dans les musiques traditionnelles asiatiques, a deux versions : debout et assis. La troupe Bisang, qui a présenté deux tableaux du samulnori, est déjà venue au Maghreb. En 2009, elle a participé à l'ouverture du Festival international du cinéma de Marrakech. «Le B Boy et le Samulnori sont un spectacle unique», a déclaré Choi Sung Joo, ambassadeur de Corée à Alger. Il a rappelé que les deux pays célèbrent le vingtième anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques. «Je souhaite que nos relations dans le domaine culturel se renforcent davantage dans le futur», a-t-il ajouté. Mme Khalida Toumi a reçu, en guise de geste d'amitié, un cadeau traditionnel. En échange, la ministre de la Culture a offert un bouquet de roses aux artistes. Un objet d'artisanat algérien aurait peut-être été plus judicieux ! «2010 a été l'année où nous avons eu beaucoup d'échanges culturels avec trois événements dont un en Corée. Une troupe folklorique touareg algérienne a rendu visite à Séoul et Géju. Cela est arrivé pour la première fois. En mars dernier, nous avons organisé une semaine culturelle coréenne à Alger», nous a déclaré récemment Choi Sung Joo. Il a annoncé qu'en décembre prochain, des musiciens coréens prendront part à Alger à un festival organisé par l'Orchestre symphonique national algérien. Aujourd'hui, à la salle El Mougar, seront projetés, à partir de 16h, trois films coréens récents dont le célèbre Scandale makers de Kang Hyung Chui. A ne pas rater !