L'arrivée à ce stade de la compétition de la Ligue des champions arabe d'une équipe irakienne constitue sans doute un exploit lorsqu'on sait les conditions de vie et d'entraînements auxquelles est confronté le joueur irakien. Le football, premier sport au pays de l'Euphrate, n'est plus ce qu'il était. Conséquence de la guerre, le football irakien qui dominait jadis le continent asiatique, traîne le pas. L'entraîneur de l'équipe d'Al Zaoura, Salah Radhi affirmait dans la conférence de presse qui a suivi le match face au MCA que les conditions de travail sont difficiles en Irak. « Si ce n'est une bombe qui éclate en cours de route ou un enlèvement, c'est toute l'équipe qui est soumise systématiquement à des fouilles quotidiennement par l'armée américaine. Le fait que notre terrain d'entraînement se trouve tout près d'une caserne américaine, on est soumis à la fouille à chaque entraînement sans parler des barrages en cours de route. » Il affirmait aussi que « le terrain de l'équipe a été une fois la cible d'une attaque par missile ». C'est dire toute la difficulté dans laquelle vit le football irakien. « Le joueur souffre énormément de cette situation à laquelle il faudrait ajouter les problèmes financiers du club. Le football est le gagne-pain de la plupart des joueurs. Le meilleur contrat peut atteindre 6000 dollars US, alors que le salaire mensuel du joueur n'excède pas les 100 dollars. Parfois, on n'arrive même à couvrir le salaire des joueurs », révèle Salah Radhi. Toutefois, il faut noter que l'équipe d'Al Zaoura, en dépit de ces problèmes, a réussi à éliminer au premier tour la redoutable formation saoudienne d'El Qadissiya. Lundi soir, elle a aussi tenu la dragée haute au MCA malgré son infériorité numérique, avant de sombrer dans les vingt dernières minutes de la rencontre. Pendant et après le match, les joueurs d'Al Zaoura ont eu une ovation spéciale de la part des supporters du Mouloudia en guise de reconnaissance pour leur motivation et leur courage. Le coach Salah Radhi, qui admet la force du MCA, estime néanmoins que le voyage très harassant (Baghdad-Oman-Alger) a eu raison du rendement des joueurs. En plus, ajoutera-t-il, l'équipe s'est déplacée avec seize joueurs seulement. Les autres ont dû s'absenter pour diverses raisons. « Le joueur Hussein Abdelwahad, un élément important dans le groupe, n'a pas fait le déplacement parce qu'il a perdu son frère deux jours auparavant. D'autres n'ont pas eu de visa », affirmait le coach d'Al Zaoura avec un sentiment de tristesse mais aussi d'espoir de voir son pays retrouver la paix et le football acquérir son lustre d'antan. « Le football en Irak est comme au Brésil. C'est le premier sport dans le pays », conclut-il.