Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a qualifié hier de «très graves» les heurts survenus lundi au Sahara occidental, où l'armée marocaine a donné l'assaut à un camp de civils sahraouis et jugé inadmissible le refoulement du Maroc d'un député français. «Il y a un problème d'urgence parce qu'à El Ayoun les chocs ont été très violents, les incidents très graves. On ignore, à la fois dans le camp de toile et dans la ville (d'El Ayoun, chef-lieu du Sahara occidental), le nombre de blessés et le nombre de morts», a-t-il observé lors d'une séance de questions à l'Assemblée nationale. Par la voix du porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero, la France a appelé Rabat et le Front Polisario à «s'engager résolument» dans un processus de paix, «afin qu'une solution politique soit enfin trouvée». Faisant allusion aux discussions informelles entre le Polisario et le Maroc, qui ont commencé lundi près de New York, M. Kouchner a observé que les affrontements avaient eu lieu juste avant et que le conflit avait «35 ans d'existence». «La dernière proposition marocaine, qui parlait d'autonomie, a été bien accueillie à l'ONU», et elle «est l'un des éléments» d'un règlement, a-t-il déclaré devant les députés. M. Kouchner a répondu au député communiste Jean-Paul Lecoq, assis sur les bancs de l'Assemblée nationale, qui l'interpellait après avoir été expulsé du Maroc pour avoir voulu se rendre au Sahara occidental : «Je regrette la façon dont vous avez été refoulé du territoire marocain et nous l'avons fait savoir à l'ambassadeur du Maroc en France», a déclaré le ministre. L'élu communiste avait raconté lundi à la presse être arrivé dimanche en fin d'après-midi à Casablanca pour se rendre à El Ayoun. Il avait alors été empêché de quitter l'aéroport par les autorités marocaines et remis dans un avion à destination de Paris lundi matin. «Il n'est pas admissible qu'un représentant élu de la nation soit ainsi refoulé du territoire d'un pays ami», a affirmé M. Kouchner, en observant que la France «admirait» toutefois «les progrès vers la démocratie» du royaume chérifien. Eh oui, Kouchner ne pouvait pas résister à la tentation de déclarer sa flamme à son ami le roi. Dans la pure tradition française…