Alors que les banlieues parisiennes continuent de brûler, Nicolas Sarkozy fait feu ailleurs. Le ministre français de l'Intérieur, qui s'est illustré, ces derniers jours, par sa polissonnerie et sa trivialité, veut fermer la France aux étudiants étrangers. De Sophia Antipolis, dans les Alpes Maritimes, loin des émeutes qu'il a attisées en traitant les banlieusards de « racaille » et de « voyous » bons à « nettoyer au Kärcher », M. Sarkozy livre sa dernière « formule magique » censée projeter le pays de Voltaire vers un avenir meilleur. Devant des universitaires, il prône la politique de l'immigration sélective qui concernera, cette fois-ci, les étudiants étrangers qui postulent pour des études supérieures en France. Tel que rapporté par Le Monde, dans son édition de mardi, le projet de Sarkozy, placé sous le label de l'« immigration choisie », consiste à revoir le « système de visa » pour cette catégorie de migrants. M. Sarkozy compte instaurer un système de sélection des étudiants étrangers qui, bien entendu, ne permettra qu'aux plus brillants d'y poursuivre leurs études dans des universités françaises. Il pose, comme premier critère de sélection, « le projet d'études et le parcours académique » du postulant. Aussi, ce mode de sélection tient compte « des intérêts de la France et du pays d'origine », ajoute M. Sarkozy. Quel type d'intérêt ? Le ministre français n'ira pas au bout de sa pensée. Il précise que le traitement des dossiers de candidatures serait confié à des « centres d'études en France ». Centres qui existent déjà dans certains pays non européens, comme « l'Algérie, la Chine, le Maroc et la Tunisie », a souligné Le Monde. Mais M. Sarkozy veut que cela soit généralisé en France et ailleurs. Les candidats retenus bénéficieront d'« un visa long séjour pour études ». Le titre de séjour leur sera délivré dès leur arrivée en France, sans qu'ils se présentent à la préfecture, comme c'est le cas maintenant. Le ministre français compte défendre son projet en ce sens qu'il simplifie les procédures. Trouvant que « le système universitaire » est « en manque de financement », M. Sarkozy suggère la révision à la hausse de « la contribution des étudiants étrangers », notamment les frais d'inscription. Il indique cependant que « des bourses pourraient annuler ce surcroît pour “les meilleurs” ». La « nouvelle approche » du ministre français de l'Intérieur, qu'il compte intégrer dans le projet de loi sur l'immigration qu'il soumettra au Parlement durant le premier semestre de 2006, propose un « titre de séjour de six mois » pour la recherche et l'occupation d'un emploi au profit des étudiants étrangers qui ont obtenu le grade de Master. Autre nouvelle mesure : création d'un titre moyen de séjour, de 3 ans, pour « des actifs très qualifiés ». Sur un autre volet, M. Sarkozy veut « aménager le droit au séjour » de telle manière à permettre à « des étudiants étrangers formés dans l'Hexagone et à des cadres de haut niveau dans certaines spécialités de pointe de travailler quelques années en France ». De telles « nouvelles » dispositions visent à garder uniquement les étudiants et les chercheurs les plus talentueux dont la France a besoin. Le concepteur de ce projet le dit clairement : « Si nous ne nous montrons pas plus accueillants envers les étudiants de talent, c'est vers d'autres pays qu'ils continueront à aller étudier. » Il semble s'inspirer, un peu, du modèle canadien en matière d'immigration tout en lui ôtant, bien entendu, le chapitre concernant l'intégration des migrants. Ainsi, en arrière-plan et au-delà de cet aspect « sélectif » que le ministre souhaite donner à la politique française de l'immigration, il y a une réelle volonté de réduire au maximum le nombre des migrants notamment maghrébins. Cette volonté est clairement exprimée à travers le durcissement des conditions et des procédures d'octroi de visas, notamment d'études. En plus d'un relevé bancaire d'un montant de 5000 euros (qui était de 4500 euros l'année dernière), d'un test de connaissance de la langue française obligatoire pour la majorité des candidats, il y a, encore cette année, un entretien que doit passer chaque étudiant dont le dossier de demande de visa est jugé complet. Cet entretien, qui se fait au Centre culturel français à Alger et qui tourne autour des motivations de chaque postulant à un visa d'études, est perçu par nombre d'étudiants comme un moyen de limiter les « éliminés ». Car beaucoup d'entre-eux ont eu une réponse négative après avoir subi cet entretien.