Cousin mou et sans cornes du bélier, le mouton est et restera l'animal préféré des Algériens, l'inverse n'étant pas certifié. A l'approche de l'Aïd, tout le monde en veut un, surtout ceux qui n'en n'ont pas. Mais qu'est-ce qu'un mouton ? Animal symétrique et idéalement constitué, le mouton a de la laine sur le dos et de la viande partout ailleurs, et possède la particularité de ne pas courir ni de voler et d'être généralement consentant pour être mangé. A part la laine, qui sert à se couvrir, tout peut se manger dans le mouton, de la tête aux pieds. Pourtant, et la plupart des Algériens, croyants ou pas, ne le savent pas, dans le Coran, si on parle d'animaux, de cheptel et de bêtes sacrifiées, pas une seule fois le mouton ou même le bélier n'est cité. Même le sacrifice rituel, qui semble incontournable pour les Algériens, n'est évoqué que deux fois, dans de brefs versets des sourates Al Baqarah (la vache) et Al Maïda (la table), sans mention de l'animal à immoler. Au plan strictement religieux, il est d'ailleurs licite de sacrifier un veau ou un dromadaire pour l'Aïd. Alors, pourquoi le mouton ? Et pourquoi en acheter alors qu'il est si cher ? Une forme de masochisme collectif qui consiste à payer très cher l'animal qui nous ressemble le plus ? Non, il y a diverses raisons culturelles et de toutes manières, le sacrifice du bélier est au Maghreb antérieur à l'Islam. Le résultat est le même et la question identique : si un homme se sent obligé de sacrifier un mouton alors que personne ne le lui a demandé, pas même le mouton, pourquoi le fait-il ? Mystère. Ce qui est sûr, c'est que les éleveurs ont tout à gagner à faire passer le mouton comme animal obligatoire de sacrifice alors que le Coran lui-même ne l'a jamais indiqué. L'élevage est-il une religion ? Si oui, qui en sont ses adeptes, les moutons ou les hommes ? Ou les deux, personne ne faisant plus la différence ?