Le rapporteur des Nations unies, chargé de la question de violences à l'égard des femmes, leurs causes et leurs conséquences, sera à Alger du 15 au 22 janvier prochain, a-t-on appris de sources diplomatiques. L'Algérie a donné son accord pour cette visite qui, en fait, permettra à l'envoyé spécial de l'ONU d'enquêter sur le fléau des violences à l'égard des femmes. Un fléau qui a tellement pris de l'ampleur qu'il a fini par être considéré comme un problème de santé publique. A ce titre, une enquête nationale sur les violences a été initiée en 2002 par l'Institut national de santé publique (INSP), avec la participation des ministres de l'Intérieur, de la Justice, de la Solidarité nationale et de la Santé ainsi que celle des associations féminines et de la police. Le but était de rassembler le maximum de données fiables en mesure de remettre en cause les préjugés sociaux et aussi, évaluer et analyser les conséquences de la violence sur la santé physiques et mentale des femmes, et sur leur entourage, et enfin agir sur les représentations discriminatoires qui constituent le soubassement psycho-sociologique et culturel des comportements de mépris et de violence à l'égard des femmes. Les résultats de ces enquête publiés en 2005 ont été révélateurs. Ainsi 45,9% des victimes ont été battues par leur mari ou leur ex-mari. 95% des victimes de violence ne se plaignent que d'une seule agression alors qu'environ les 4/10 sont dus à un membre de la famille, et 35,1% à une tierce personne, comme le voisin par exemple. Plus de trois quarts des agressions signalés, soit 77,2%, sont physiques et se manifestent par des coups et blessures volontaires. La violence conjugale représente 67,3% de l'ensemble des violences. La violence intra familiale représente les deux tiers des violences signalées. Intervenue au moment où une série d'attaques a visé des groupes de femmes vivant seules dans plusieurs régions du pays, le scandale des femmes de Hassi Messaoud battues, torturées, violées, et pour certaines enlevées vivantes, reste encore comme une tache noire dans la conscience collective, dans la mesure où ces femmes à la suite d'un long parcours semé de pressions et de menaces n'ont fini par avoir que quelques condamnations de leurs tortionnaires, dont beaucoup sont encore en liberté. Ces victimes de la société sont toujours à la recherche d'une justice qui leur rendra leur dignité. Un combat qui ressemble à celui de ces milliers de femmes violées par les groupes islamistes armés et qui, à ce jour, n'ont pas eu droit au statut de victime de terrorisme. La visite du rapporteur de l'ONU est une aubaine pour toutes ces femmes violentées et qui réclament leur droit à une réparation et refusent le principe du pardon sans justice.