Cette bâtisse de deux étages avec ses grandes baies vitrées, sales et brisées, est livrée aux intempéries et à l'usure. L'établissement, maintes fois objet de décisions volontaristes, risque de ne pas jouer son rôle de rayonnement culturel. Erigée sur une superficie de 1 554 m2 et prévue pour une capacité de 700 000 ouvrages, la bibliothèque municipale de la ville de Batna, conçue pour être la plus grande de toute la wilaya, attire de manière inévitable l'attention, tant elle donne l'impression d'une bâtisse abandonnée. En effet, cette structure de deux étages avec ses grandes baies vitrées, sales et brisées, semble livrée aux intempéries et à l'usure. Atika Bouakkaz, diplômée en bibliothéconomie, nommée directrice de cette bibliothèque, nous a reçu dans une salle, d'une austérité frappante, quasiment dépourvue de mobilier, et qui lui sert de bureau. C'est, non sans peine, qu'elle nous a relaté les péripéties d'un projet détourné à deux reprises de ses objectifs, et qui a failli finir en salle des fêtes. Au début des années 2000, l'APC avait décidé autrement de ce qui, au départ, devait abriter la bibliothèque municipale, et autant troquer le pot de fer contre le pot de terre, a opté pour un complexe culturel. Sous l'appellation de conservatoire communal de musique, danses et déclamation, le complexe a été crée en 2000 par délibération n° 45 du 13-05-2001. Ce dernier ne vivra pas longtemps, puisque l'assemblée suivante a délibéré pour sa transformation en centre culturel. Usant des articles 42, 136 et 137 du code communal, le nouveau président de l'assemblée a décidé que le complexe en question endosse le cachet d'une entreprise à caractère administratif avec la mention «vocation culturelle». N'ayant bénéficié d'aucun financement ni de subvention en raison, paraît-il, de la crise qu'à connue l'APC, l'entreprise était presque mise entre parenthèses. La crise dépassée, le nouveau président de l'assemblée communale a été installé, mais la bibliothèque ne semblait pas faire partie des priorités de la municipalité. Encore mieux, le personnel qui a été recruté dans le cadre de l'emploi des jeunes est muté vers les services de l'état civil, et ne restent que la directrice avec une autre employée, qui fait fonction d'administrateur. Deux femmes et un gardien doivent à eux seuls faire marcher toute l'entreprise. Mais qui a dit que les miracles n'existent pas ? Et surprise, au moment où l'on s'est adressé au P/APC de Batna, à propos du devenir de l'infrastructure, celui-ci nous a déclaré: «Nous sommes justement en réunion pour l'installation du conseil de gestion du centre culturel», Invités à rejoindre la salle de réunion, nous avons effectivement confirmé les faits et avons constaté la présence de Mme Bouakkaz qui était aussi invitée à participer à la séance de travail. Le P/APC a exhibé une note dans laquelle il est mentionné que la reprise en main du centre culturel a été décidée le 10 novembre passé. Mieux vaut tard que jamais, et tant mieux pour la culture, diront d'aucuns. Ceci dit, il est loin de la coupe aux lèvres, et tant qu'une décision claire et positive n'est pas prise en faveur de l'infrastructure, la bibliothèque ne sera pas à l'abri d'une énième tentative de détournement de sa vocation. D'ailleurs, des indiscrétions avancent que dès son installation, Ali Melakhsou avait pris la décision de fermer les portes en vue de transformer, ce qui devait être un lieu de culture, en un lieu de ripaille, soit une salle des fêtes. Il aura fallu l'intervention d'un notable de la ville pour infléchir les desseins du maire.