Le grand virtuose du luth, très attendu par le public, a animé une soirée d'anthologie. Une soirée jugée, à l'unanimité, exceptionnelle. « Un pur bonheur », disent les mélomanes à propos du concert donné par l'Orchestre d'Orient, dirigé par le grand virtuose du luth, l'Irakien Noussaïr Shemma, lors de la clôture, jeudi dernier, du festival de l'Inchad, -ou chant et musique liturgiques,- qui s'est déroulé du 27 novembre au 2 décembre au théâtre régional de Constantine. Les musiciens, un heureux melting-pot de Turquie, d'Irak, de Syrie, d'Abu Dhabi, de l'Inde et des Etats-Unis, ont accompli les différents thèmes de partitions, d'inspiration mystique, dans une ambiance recueillie. Les morceaux proposés, qui sont, pour la plupart, composés par Noussaïr Shemma, ont été exécutés, outre le luth magique du maître lui-même, au banjo, à la contrebasse, flûte, sitar derbouka, tambours… « Dhouk El rouh (aspiration de l'âme), est une succession de périodes musicales que m'a inspiré la Mawlaouia, voie soufie du poète mystique Djalal-Eddine El Roumi ; le chant, Lumière de l'âme, du patrimoine irakien, interprété par Anouar Abdekrane, date de 1200 à 1300 ans ; Il traduit l'union de l'être avec le divin », explique le compositeur. Entre autres pièces ayant chaviré les cœurs et éveillé toutes les émotions, dans un silence religieux, « Halat wajd », essentiellement exécutée au luth et à la flûte. La fin du concert sera marquée par l'ovation délirante, déchaînée, qu'une salle pleine à craquer fera à ces musiciens « hors pair », selon le mot d'un spectateur. Du reste, les artistes, à en juger par leur mine rayonnante, étaient subjugués par la qualité d'écoute dont tout ce monde a fait preuve. La troupe soudanaise, El Mounchad-Charaf Eddine, qui s'est produite en ouverture du concert de Noussaïr Shemma, a, quant à elle, offert à un public intégralement acquis, une anthologie de chants mystiques aux douces modulations instrumentales et vocales à la louange du Prophète dans la pure tradition soudanaise. Ce qui fera s'écrier au directeur de la culture, Djamel Foughali : « Par Dieu, Oum Dormane est là! », et à l'un des musiciens soudanais : « La poussière soulevée par les Algériens à El Merrikh, n'a pas disparu ! Nous vous aimons, en vérité ! ». Suite à cet engouement remarquable du public, le directeur de la culture relèvera que « beaucoup de gens n'ont pas pu entrer à cause du manque de places », et qu'il aurait souhaité quela salle soit plus grande,car les Constantinois« ont vraiment du goût en matière d'art. »