Signe d'une époque qui tire à sa fin et dont il ne subsistera plus, dans quelque temps, que les bribes de vagues souvenirs pour les remémorer, ces sources, connues à El Bayadh pour avoir des vertus curatives et exceptionnelles et vers lesquelles des générations entières ont afflué pour profiter des bienfaits qu'elles prodiguent, ne suscitent plus, depuis longtemps déjà, l'engouement qui y était rattaché. Elles ne sont évoquées qu'avec mélancolie par les quelques personnes qui en étaient devenues les habituées, pour mesurer le scepticisme et l'incrédulité ainsi que les distances prises envers les choses vraies. Aboutissant finalement à la disparition ou à la lente agonie des vestiges des temps immémoriaux qui ont encore des miracles à raconter, ou s'ils avaient bénéficié du traitement que leur utilité supposait, encore des souffrances à soulager. A l'image de « Aïn Mahboula », au centre d' El Bayadh, un endroit devenu mythique, qui hante toujours l'âme des habitants qui l'ont connu par les propriétés avérées que la dite source dispensait à ceux qui venaient, nombreux, y étancher leur soif. Tiède et fumante lorsque les froids les plus rigoureux sévissaient, elle prenait une fraîcheur apaisante lorsque les chaleurs de l'été engourdissaient de torpeur les passants. Ensevelie, depuis, sous une chape de béton, par la grâce des extensions urbaines, son appellation est restée synonyme de quiétude. Miracle ou effet placebo ? L'autre source thermale aux abords desquels maints visiteurs venaient chercher un remède à leurs souffrances, alors qu'aucune autre thérapie n'était accessible, fut « Ouinet Louh », que les connaisseurs en médication traditionnelle prescrivaient aux atteintes qui pouvaient affecter l'épiderme. Depuis, tarie sous l'effet conjugué d'un entretien défaillant et la persistance de la sécheresse, ce point d'eau situé par ailleurs au milieu d'un cadre champêtre enchanteur qu'agrémentait un lac et un kiosque à musique voisin, n'alimente plus que les discussions pleines d'amertume et les rêveries des habitués du café qui a pris possession des lieux. Enfin, « Aïn Chfa » ou « source de la guérison » à « Ouafeg », sur le chemin de wilaya qui continue après « Mécheria Seghira » pour disparaître dans les immensités désertiques du Sud-Ouest, reste la seule qui entretient encore un mince filet d'eau, après avoir été la destination privilégiée de personnes traînant une insuffisance rénale. L'on rapporte, à ce propos, les multiples rémissions intervenues à la suite de la consommation de son eau, comme ce patient dont l'organisme a rejeté des résidus de calcaire qui bloquaient ses reins. Véritable miracle ou effet placebo, personne, peut être, ne serait en mesure de trancher la question. Dans une pathétique tentative de ressusciter cette source afin de lui redonner son lustre d'antan et, pourquoi pas, faire que l'affluence qu'elle a longtemps drainée, s'y dirige de nouveau, M. Laredj Khaldi, président de l'association « El Ghazal » ambitionne de réhabiliter les lieux.