Le continent africain a encore une fois été mise à l'index par Transparency International (TI) à l'occasion de la publication le 9 décembre du baromètre 2010 de la corruption mondiale. L'étude — dans laquelle l'Algérie n'apparaît pas — montre que l'Afrique sub-saharienne est la lanterne rouge de la «petite corruption», puisque 50% des personnes qui y ont été interrogées admettent avoir verser des pots-de-vin, contre 36% au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. L'étude relève que «les habitants de l'Afrique subsaharienne rapportent le plus haut niveau de bakchich pour les services de l'état-civil et des permis, quasiment à égalité avec la police» qui reste l'institution la plus corrompue. 47% des personnes interrogées dans le cadre de l'enquête admettent avoir versé des pots-de-vin à la police dans la région de l'Afrique sub-saharienne, essentiellement «pour éviter les problèmes avec les autorités». Dans la région d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient (Irak, Liban, Maroc, Palestine et Israël sont les seuls pays de la région à avoir été pris en compte), près de la moitié des sondés expliquent recourir à la corruption «pour accélérer les choses». Par ailleurs, six des onze pays où la corruption est la plus présente sont des pays africains, à savoir le Cameroun, le Liberia, le Nigeria, le Sénégal, le Sierra Leone et l'Ouganda. Les autres éléments de l'enquête font ressortir le fait que dans la région Mena, près d'un tiers des gens interrogés ne font confiance à personne dans la lutte contre la corruption et à peine 28% font confiance au gouvernement. En Afrique sub-saharienne en revanche, près des deux tiers des personnes questionnées ont des doutes sur l'efficacité des mesures prises par leur gouvernement en la matière. Doris Basler, responsable département Afrique et Moyen-Orient à TI a déclaré à partir de Londres que ce baromètre est d'abord un outil dont l'objectif est de stimuler le dialogue entre les institutions et le grand public auquel il s'intéresse. «Cela suppose un changement de comportement», a-t-elle dit citée par la presse sénégalaise. Mme Danaé Issa du Centre d'Oslo pour la gouvernance du Pnud (Programme des Nations unies pour le développement), a remis en question la fiabilité des indicateurs usités pour l'évaluation de la corruption et de la bonne gouvernance en Afrique. Selon elle, la construction des indicateurs n'est jamais «neutre». Il faut «apprendre à les connaître, tenir compte des limites pour en faire un meilleur usage, car ils peuvent stimuler des efforts de lutte, être complémentaire même si les classements sont discutables». TI précise que le Baromètre mondial de la corruption est «la plus grande enquête internationale collectant les opinions et les expériences du public en matière de corruption». En 2010, l'enquête a été réalisée auprès de 91 500 personnes dans 86 pays. Le baromètre est censé présenter l'opinion du public sur les niveaux de corruption dans leurs pays respectifs et sur les efforts de leur gouvernement pour lutter contre la corruption. Il enquête également sur la fréquence de la corruption, les raisons pour lesquelles des pots-de-vin ont été payés au cours de l'année passée, et l'attitude par rapport à la dénonciation de cas de corruption.