Hamzaoui Sidi Mohamed, général manager de la société Seri et président de l'Association algérienne des fournisseurs de services internet (AAFSI), donne son avis sur les contraintes à l'avènement de la société de l'information en Algérie. Quel est le bilan de l'ouverture du secteur des télécommunications ? Globalement, la loi sur les télécommunications de 2000 est généreuse. Elle prône l'ouverture du secteur dans la transparence et la concurrence loyale. L'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT) avait pour mission de mettre en place un marché concurrentiel. Si, pour la téléphonie, cette mission a été plus ou moins assurée, ce n'est pas le cas pour internet et les autres services à valeur ajoutée, où nous constatons une concurrence déloyale d'Algérie Télécom à travers sa filiale Djawab, qui vient de lancer une opération wifi de 400 000 liaisons. Pourquoi les autres providers ne sont pas inclus ? Il faut que Djawab soit soumis aux mêmes règles imposées aux autres ISP. Algérie Télécom se targue d'avoir 95% des services à valeur ajoutée sur internet. Les providers sont-ils inquiets ? Nous voulons connaître notre place. Veut-on gonfler Algérie Télécom avant l'ouverture de son capital ? Sur le terrain, il n'y a pas l'esprit de la loi 2000. On se demande pourquoi le gouvernement s'est tellement mobilisé pour Ousratic, pourquoi tant de tapage et des milliards dépensés en publicité alors qu'on fait peu de cas de l'industrie de contenu. Ousratic est une opération qui n'atteindra pas ses objectifs. Les Algériens ne peuvent plus continuer à se contenter de consulter des sites étrangers. Nous avons besoin de sociétés de prestation de services. Avez-vous des propositions pour une meilleure performance des opérateurs ? Nous avons besoin d'un haut conseil des technologies de l'information en nous inspirant, par exemple, du modèle français du Haut Conseil de l'information scientifique et technique qui regroupe des professionnels et des chercheurs et qui établit la stratégie globale pour le compte du gouvernement. Il faut aussi restructurer Algérie Télécom avant l'ouverture de son capital en une société téléphonique qui s'occupe de la clientèle et une autre branche de câbles qui prendra en charge les centres d'amplification, de commutation et le réseau filaire ainsi que l'interconnexion. Il faut aussi que Djawab soit érigé en provider comme les autres. Il est important aussi de proposer un programme au profit des sociétés qui font du contenu (logiciel) et baisser les prix des lignes spécialisées pour permettre aux entreprises d'avoir un réseau dense de transmission de données.