Fossol est une histoire sur le couple ou plus exactement sur la vie du couple. Casablanca(Maroc) De notre envoyé spécial L es deux protagonistes de la pièce tunisienne, Roua et Ali Abessi, déroulent leurs joies et leurs peines sur le mode du constat de tout ce qui a été fait et surtout de tout ce qu'il est impossible de réaliser. Il y a les premières journées euphoriques du mariage et l'inéluctable saison des regrets. Dans l'œuvre proposée au public casablancais, il est question de quête forcenée d'équilibre, d'appel au secours et de secours inconsistants, d'autant que l'âge a fait son œuvre et que les enfants ne sont plus là pour briser les silences et meubler les solitudes. Arrivés en bout de piste, les deux vieux ne savent plus quoi se dire. Se sont-ils tout dit ? Pas sûr. Mouez Turki, l'auteur et metteur en scène de la ville de Bourguiba, signe, ici, une réalisation faite d'un astucieux jeu de balance entre le temps qui passe et les aspirations contrariées d'êtres nés pour courir après le... temps. Des visages défilent sur écran que froissent, au fur et à mesure, les épreuves de la vie et, à côté, la fuite du temps qui laisse ses empreintes sur les voix, la posture physique, les mouvements et déplacements. Il y a également les costumes flamboyants du départ de l'aventure amoureuse et ceux fripés de la fin, qui signifient ainsi que la partie est terminée, alors que le regret prend la relève. Ecrite sur un ton tragi-comique, Fossol passe la rampe avec aisance, grâce au talent avéré des deux jeunes comédiens. Roua et Ali ont su faire toucher du doigt l'âge des insouciances, des premiers émois et les autres étapes de la vie moins doux à révéler. L'espace de la scène est essentiellement occupé par un grand lit carré, le lit de la vie, le lit de la mort qui guette, le lit des «vieux», celui d'une célèbre chanson de Jacques Brel. Un ancien air du patrimoine maghrébin chanté accompagne sans discontinuer les deux protagonistes dans leur course-poursuite pour rattraper le temps, celui de l'équilibre. Le rythme ne baisse à aucun moment. La performance d'acteur est là. Le public de la salle Sidi Belyout adhère à un texte qui lui parle directement, d' une histoire qui lui ressemble. Les sujets sociaux n'ont pas besoin de filtre et Fossol en est un par excellence, intelligemment rendu sur les planches par une mise en scène où l'essentiel repose sur les acteurs qui ont donné le meilleur d'eux-mêmes. Parallèlement aux représentations théâtrales, les journées d'études et ateliers se succèdent à un rythme soutenu, ce qui n'offre que très peu de temps libre aux participants à cette 7e édition du Festival maghrébin du théâtre populaire. La place du patrimoine dans le quatrième art à l'intérieur des pays du Maghreb et ses influences et empreintes sur le reste du monde, notamment celui de la rive nord de la Méditerranée, ont été ainsi largement évoquées par les festivaliers lors des débats tenus à la salle Hassan Scalli, l'autre grande salle de Casablanca. Les communications données par des conférenciers venus des pays du Maghreb, à l'exception de la Mauritanie et de L'Espagne, pays invités, se sont inspirées, pour l'essentiel, des expériences concrètes menées en Afrique du Nord et dans l'Europe du Sud.