Plusieurs bus sont à l'arrêt à cause de la bureaucratie qui pénalise leurs propriétaires et bloque leur travail. Acquis en mars dernier, des cars ayant appartenu à l'Office national du tourisme (ONAT) moisissent chez leurs nouveaux propriétaires qui bouillonnent de colère de ne pas pouvoir les mettre en circulation. La raison est toute bête : une «erreur de frappe» ! Le 30 mars dernier, l'ONAT a organisé une vente aux enchères d'une partie de son parc roulant. 16 cars Néoplan ont trouvé preneurs, des transporteurs de voyageurs projetant pour la plupart de rénover leur matériel et les mettre en exploitation. La vente a eu lieu dans les règles de l'art, mais ce qui ne l'était pas, c'était l'informatisation des données. L'agent des services de la wilaya d'Alger, censé introduire dans l'ordinateur le contenu des cartes grises portant le nom de l'ONAT, s'est lourdement trompé ; au lieu de ONAT, il a saisi Enapat. Alors là commencèrent les déboires des malheureux transporteurs. Neuf mois sont passés depuis l'enchère, et c'est toujours le blocage. Le service des cartes grises refuse de leur délivrer la fameuse fiche de contrôle, sans laquelle les bus ne peuvent circuler en dehors de la wilaya d'Alger. La direction de l'ONAT a écrit au directeur de la réglementation générale (DRAG) de la wilaya d'Alger, en vain. Elle l'a informé que ces acquéreurs «se sont présentés au niveau de la daïra de Sidi M'hamed pour l'obtention de la fiche de contrôle pour changement de wilaya, mais quel fut leur étonnement de se voir refuser la délivrance de ce document nécessaire pour l'établissement de la nouvelle carte grise en leur nom». Le DRAG a été informé des explications données au représentant de l'Office du tourisme par le chef du service de la daïra de Sidi M'hamed : «Les cartes grises de ces cars sont bien au nom de l'ONAT, mais au niveau du système informatique, elles portent la dénomination Enapat.» A ce jour, l'erreur n'est pas pleinement assumée et la situation non régularisée. «Nous n'avons pas été à El Harrach ou dans un autre marché de véhicules, nous avons bel et bien acheté auprès d'une entreprise étatique. Neuf mois pour une fiche de contrôle, c'est incroyable !», s'exclame, révolté, M. Ikhlef, un grand transporteur de Béjaïa. Conséquemment à ce blocage, il a perdu une ligne de transport pour n'avoir pas pu remplacer dans les temps son bus accidenté. Son collègue n'est pas moins furieux. «Nous nous déplaçons à Alger chaque semaine, et on nous ballotte d'un service à l'autre. On se joue de notre patience», renchérit M. Messaoudi, exploitant la ligne Tazmalt-Alger. Une profonde colère gagne ce groupe de transporteurs, exaspérés qu'on leur fasse payer une faute que l'administration a commise.