Sa vie a été complètement bouleversée et ses projets se sont effondrés un certain 28 décembre 1975. Ce jour-là, Atika El Mamri fut victime d'un grave accident de la route, lui causant une paralysie des membres inférieurs. Elle avait alors à peine 24 ans. Depuis, elle est condamnée à se déplacer sur un fauteuil roulant. Mais Atika El Mamri ne désespère pas pour autant. Au lieu de s'abandonner au fatalisme et à la marginalisation dont souffrent les personnes handicapées, elle décide de créer une association, devenue aujourd'hui la Fédération des associations des handicapés moteurs, dont elle est la présidente. « Je travaillais à l'époque comme psychotechnicienne à Sonacome. Après ce drame, c'est toute la mécanique de ma vie qui s'est subitement arrêtée », témoigne-t-elle. Replongeant dans ses sombres souvenirs, elle raconte difficilement cette étape de sa vie : « Après cette paralysie, je suis devenue une autre personne, car je sentais que j'avais un nouveau corps. Je n'avais plus les mêmes projets. Tout changea autour de moi. » Les relations de Mlle El Mamri avec son environnement se sont complètement transformées après le drame. « Je me sentais comme un fardeau insupportable à ma famille. Je ne pouvais faire plus rien seule. C'était pénible. » Après son accident, elle abandonna son emploi, le climat de travail devenait trop pesant. « Tout le monde me regardait de travers », relève-t-elle. La préoccupation de Mlle El Mamri va, aujourd'hui, vers ces milliers d'accidentés de la route qui viennent tous les jours allonger la liste des handicapés, déjà trop longue. « Pour me faire oublier et ne plus penser à moi, je me suis engagée dans la bataille de défense des handicapés dans le but d'améliorer leurs conditions de vie », indique-t-elle. Aussi, elle compte créer une association rien que pour la catégorie des handicapés dus aux accidents de la route. « Je prends tous les jours la route, la peur au ventre, en me demandant si les conducteurs sont conscients de ce qui peut leur arriver car, en une fraction de seconde, leur vie peut entièrement changer, au pire », met-elle en garde. De simple victime, la présidente de la Fédération des associations des handicapés moteurs est devenue militante dans la prévention routière. Elle constate qu'il y a un autre code de la route qui est en train de s'élaborer sur la base de pratiques routières propres aux conducteurs.