Certains experts suggèrent, par exemple, l'octroi de 1000 euros d'allocation devises au lieu des 140 donnés actuellement. La convertibilité totale du dinar en Algérie est un débat qui rebondit régulièrement depuis quelques années suite, notamment, à une idée suggérée en 2006 par le FMI aux autorités algériennes «de maximiser les bénéfices et de minimiser les coûts inévitables de l'Accord d'association avec l'Union européenne, en mettant en œuvre la réforme du système bancaire et d'assurer la liberté totale de la convertibilité du dinar». N'étant plus dans la position délicate des années 1990, les autorités financières algériennes ont adopté alors, et jusqu'à nos jours, une position de refus catégorique ancrée dans la politique intransigeante du pays sur cette question. La prudence sur ce plan est toujours d'actualité et il n'est pas question, selon les nombreuses déclarations du ministre des Finances à ce sujet, de franchir cette étape qui nuirait à l'Algérie trop dépendante des exportations d'hydrocarbures. Si une convertibilité commerciale existe et permet au pays d'assurer notamment ses importations en devises, la ligne rouge quant à une convertibilité totale est clairement définie et ne laisse aucune marge à la négociation. La question, qui relève même de la souveraineté nationale au sens des autorités algériennes, rallie à sa cause nombre d'experts économiques interrogés. Pour la plupart d'entre eux, la question relève des seules prérogatives de la Banque centrale et son avis reste prédominant. Ainsi, les spécialistes des questions financières sont nombreux à donner raison au ministère des Finances, estimant qu'il n'est pas encore temps de convertir totalement le dinar en l'état actuel de l'économie algérienne. La plupart conseillent cependant une plus grande flexibilité concernant l'allocation devises allouée annuellement aux citoyens par exemple. Selon un économiste proche des milieux financiers, «une convertibilité totale n'est pas faisable parce que le pays n'a pas d'économie exportatrice et une compétitivité forte de ses produits à l'étranger et, donc, pas suffisamment de garanties». «Nous n'avons pas de secteurs exportateurs substitutifs les uns aux autres, comme pourraient l'être l'agriculture, la pêche ou le tourisme par exemple, nos ressources étant liées à plus de 95% au gaz et au pétrole», explique cet expert qui pense de ce fait que «la marge de manœuvre est très mince et le danger pour l'économie nationale trop grand». «Par contre, il y a un confort à donner aux citoyens à travers plus de flexibilité dans l'octroi de devises en vue d'un voyage d'études ou de soins à l'étranger, ou encore en prévision du hadj», note notre interlocuteur qui suggère, par exemple, l'octroi de 1000 euros d'allocation devises au lieu de 140 euros donnés actuellement ; ce qui serait, d'après lui, «favorable aux citoyens, d'une part, et permettrait de lutter contre le marché parallèle de devises, d'autre part». Pour un autre expert financier, Mourad Goumiri, enseignant universitaire, «la convertibilité du dinar n'est pas une priorité et elle ne pourrait l'être que dans quelques années, lorsque les finances publiques seront assainies et l'économie algérienne diversifiée». Actuellement, note M. Goumiri, l'économie dans notre pays est caractérisée par un secteur informel important, et, «si on allait vers la convertibilité du dinar, tout cet argent va prétendre à une convertibilité en devises pour être investi à l'étranger par exemple». Pour cet expert, la convertibilité en l'état actuel des choses ne ferait donc qu'encourager l'économie informelle, mais il pense, cependant, que la Banque centrale devrait prendre des mesures pour que «chaque Algérien puisse avoir de 1000 à 3000 euros d'allocation devises par an, au lieu du montant ridiculement bas donné actuellement aux citoyens». Selon M. Goumiri, cette perspective est tout à fait envisageable et permettrait d'assécher le réseau informel, aux Algériens d'aller en vacances, de payer leurs études, etc. Il y a également, selon cet expert, un besoin réel des entrepreneurs, par exemple, de recourir parfois au marché informel pour s'approvisionner, en vue d'acheter des machines ou autres, et il appartient à la Banque centrale d'organiser le marché légal de la devise pour permettre à cette frange, comme aux autres citoyens, d'en profiter et d'en finir avec l'économie informelle.