La situation sécuritaire au Sahel n'empêche pas les opérations d'exportation vers les pays d'Afrique, s'accordent à dire les professionnels et acteurs de l'export, puisque la transsaharienne est une alternative sécurisée. En effet, selon les intervenants dans ce dossier, certes, elles ne sont pas denses, mais les exportations vers ces pays se poursuivent malgré l'instabilité qui caractérise la situation sécuritaire au Sahel. Les exportateurs algériens continuent ainsi à traverser les chemins hasardeux pour se rendre au Niger essentiellement et y écouler leurs marchandises dans l'informel pendant que leurs concurrents du formel prennent la Transsaharienne car, estime-t-on, elle est sécurisée. Il demeure que ce n'est pas tant la question sécuritaire qui pose problème dans ces pays, mais celle de l'insolvabilité de certains acheteurs (importateurs africains), selon la Cagex. Toutefois, le marché africain est «rentable» et peut même constituer une alternative pour l'Algérie en matière d'exportation pour ses produits non admis sur le marché européen, excessivement sélectif. Le marché africain est demandeur de tous les produits algériens jugés de qualité par rapport aux produits asiatiques présents sur les marchés en Afrique et en absence d'une industrie locale. Les experts du marché africain estiment qu'il est temps pour l'Algérie de mettre en place les mesures qui s'imposent pour développer ces exportations vers cette région, car les produits européens, notamment français, se sont retirés laissant ainsi un terrain vierge et accessible au produit algérien. Il y a quelques années, le marché africain accueillait des conteneurs de produits divers qui s'écoulaient facilement à des prix imbattables, vu le pouvoir d'achat dans les pays pauvres et enclavés du continent noir. Actuellement, les exportateurs algériens se spécialisent dans des filières et sous-filières dans le but d'organiser les exportations hors hydrocarbures vers les pays du Sahel même en absence de la convention sur le démantèlement tarifaire avec l'Union économique et monétaire ouest africaine (UMOA). Des partenaires européens pour exporter en Afrique Dans ce sens, Abdelmadjid Hamimour, exportateur de produits agricoles (fruits et légumes), a élaboré un programme pour exporter des oignons rouges, dont la production en Algérie est abondante, vers le Mali avec Rimafrance, représentant des exportateurs de l'Union européenne qui possèdent déjà des clients dans ce pays du Sahel. Cet exportateur algérien a tissé des partenariats pour partager les frais de transport avec ses partenaires européens d'une part et de l'autre, il assure ses transferts d'argent via la banque de son associé français Djazagreen. Du port d'Alger jusqu'à la ville malienne de Gao, les coûts de transport sont évalués à 46 millions de centimes par conteneur, selon M. Hamimour qui cite un transitaire, car le fret est assuré essentiellement par des transporteurs étrangers vers ces pays situés au sud de l'Algérie. M. Hamimour a donc contacté la SNTR pour acheminer sa marchandise par route. Il affirme qu'à ce jour, la société nationale de transport routier n'a pas donné suite à sa demande, pourtant le transport par route jusqu'à Bamako ne nécessite que 6 jours, alors que par bateau, ce délai est de 21 jours jusqu'au port de Dakar (Sénégal) à partir duquel l'importateur récupère sa marchandise. Selon cet exportateur algérien, les pays demandeurs de produits agricoles algériens comme la pomme de terre, l'oignon rouge, les agrumes et les produits maraîchers, sont le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Mali, le Cameroun, le Ghana, le Niger et le Nigeria. Les exportations transitent également par le port d'Abidjan (Côte d'Ivoire) et de Douala (Cameroun). Les frais de transport restent 30% plus chers par rapport aux pays voisins d'Afrique du Nord, indique le même opérateur qui souhaite que l'Etat mette à la disposition des exportateurs une plateforme logistique dédiée à l'export pour mieux rentabiliser ce marché. Dans ce sens, M. Hamimour a élaboré un programme pour 2011 et 2012 à l'intention du ministère du Commerce qui n'a pas donné suite à ce jour, déclare cet exportateur. Pour développer ses exportations vers l'Afrique, l'Algérie devra activer le Fonds spécial à la promotion des exportations (FSPE) qui demeure en panne, selon les opérateurs algériens, dont le président de l'AGEA, M. Kheloufi, qui devait exporter avec ses confrères des matériaux de construction, des produits agroalimentaires et des services. Algex, l'agence habilitée à faire le travail a pieds et poings liés devant l'administration. Au moment où les banques algériennes ne peuvent pas implanter des succursales à l'étranger et l'impossibilité du transfert de capitaux pour implanter des représentations commerciales, les exportateurs algériens sont livrés à eux-mêmes, alors qu'ils sont convaincus de la rentabilité et les facilités qu'offre le marché africain.