De l'avis de tous les experts et économistes, l'Afrique a mieux résisté à la crise économique mondiale que beaucoup d'autres régions du monde et l'année qui vient de s'écouler n'a fait que confirmer cette tendance. En 2010, les pays africains ont adopté plusieurs instruments pour réduire l'impact de la crise, notamment des mesures de relance budgétaire, l'assouplissement de la politique monétaire, l'assistance sectorielle ciblée, le contrôle des flux de capitaux et de nouvelles réglementations dans le secteur bancaire», a observé Léonce Ndikumana, directeur du département de la recherche pour le développement de la Banque africaine de développement (BAD). En outre, de nombreux pays ont pu puiser dans leurs réserves pour atténuer le choc, ayant accru leurs dépenses publiques principalement dans le domaine des infrastructures. Les économistes de la BAD estiment que l'Afrique a mieux résisté à la crise qu'attendu «grâce à des politiques macro-économiques prudentes avant la récession qui ont abouti à l'amélioration des fondamentaux économiques». Certains pays, comme l'Afrique du Sud ou l'Egypte, sont allés plus loin et ont mis en place des politiques de relance budgétaire salvatrices. Des allègements de dettes et des prêts accordés par des institutions comme le FMI, la Banque mondiale et la BAD ont également permis aux économies africaines de tenir le cap. D'autres analystes estiment que l'Afrique a mieux résisté notamment grâce aux envois de fonds de ses migrants. Malgré une légère baisse en 2009, ces fonds envoyés à leurs proches rien qu'en Afrique subsaharienne atteignent 21.5 milliards de dollars en 2010. Ils devraient tourner autour de 24 milliards de dollars d'ici 2012. Ces fonds «constituent une bouée de sauvetage pour des familles et des communautés entières à travers l'Afrique, surtout au lendemain de la crise économique», précise Dilip Ratha, de la Banque mondiale. Ces fonds ont un véritable impact sur la réduction de la pauvreté, le financement du logement, l'éducation, d'autres besoins essentiels et même sur les investissements et la création des entreprises. Ceci du fait qu'ils sont en devises étrangères et vont directement aux ménages. Beaucoup reste à faire Des cabinets de conseil aux institutions financières internationales, tout le monde s'accorde pour souligner la bonne santé économique du continent africain. Le FMI prévoit pour l'Afrique pas moins de 5% de croissance en 2010 et 5,5% en 2011. L'Afrique de l'Est avec 6% et l'Afrique du Nord et de l'Ouest avec 5% affichent une croissance supérieure à de nombreux pays occidentaux. Cette bonne santé est due à une demande interne importante, aux productions minières et pétrolières en hausse et à la reprise économique dans un certain nombre de pays. Au-delà des secteurs traditionnels comme les mines et le pétrole, d'autres comme la distribution et les services financiers attirent aussi de plus en plus les investisseurs étrangers. Les performances de l'Afrique et plus particulièrement de sa première puissance, l'Afrique du Sud ont même valu à cette dernière d'être invitée par la Chine à rejoindre le groupe des grands pays émergents, les BRIC, Brésil, Russie, Inde, Chine qui deviendront les BRICS. Lors du dernier G20, en novembre dernier, à Séoul, le gouvernement sud-africain avait demandé à être admis dans ce club qui monte. Parmi les pays africains qui ont tiré leur épingle du jeu en 2010 figure le Congo-Brazzaville qui a enregistré 10% de croissance du fait de la hausse de 25% de sa production de brut, suivi du Nigeria avec 7,4% de taux de croissance. L'Afrique semble donc bien placée sur le chemin de la croissance, mais les défis sont encore nombreux, a souligné RFI dans un rapport bilan sur le continent en 2010. «Le manque d'infrastructures de transport et d'énergie constitue toujours un obstacle majeur au développement. La pauvreté a encore progressé sur le continent, 390 millions de personnes vivent toujours dans la pauvreté extrême en Afrique sub-saharienne».