Après un recul en 2009, provoqué par la crise économique et financière, la croissance économique africaine commence enfin à reprendre son souffle. "Les économies africaines devraient progressivement se ressaisir pour atteindre un taux de croissance moyen de 4,5% en 2010 et de 5,2% en 2011, bien que la récession laissera sa marque", indique la dernière édition des Perspectives économiques en Afrique (PEA) lancée, hier, à Abidjan, à l'ouverture des réunions préparatoires aux assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD). Les PEA, qui expliquent que "la reprise sera inégale à travers le continent", a estimé que l'Afrique australe, la plus touchée en 2009, "se relèvera plus lentement que le reste du continent avec une croissance de près de 4% en moyenne en 2010/2011". Par ailleurs, l'Afrique de l'Est, qui a le mieux supporté la crise mondiale, "devrait à nouveau se distinguer en 2010/2011, avec une croissance moyenne supérieure aux autres régions avec plus de 6% en moyenne, en 2010/2011, tandis que l'Afrique du Nord et de l'Ouest devraient toutes les deux croître d'environ 5% et l'Afrique Centrale de 4%", a-t-on annoncé. Le document révélé lors d'une rencontre des Conseils des gouverneurs du groupe de la BAD a expliqué que l'Afrique s'est avérée "plus résistante" à la crise mondiale grâce à "des politiques macro-économiques prudentes avant la récession qui ont abouti à l'amélioration des fondamentaux économiques dans de nombreux pays africains". Soulignant, toutefois, que "les défis politiques demeurent". Ainsi, les politiques prudentes, "en sus des flux d'aide soutenus, de l'allégement de la dette antérieure et des prêts accordés par le FMI, la Banque mondiale et la BAD, ont fourni un cadre pour l'adoption de politiques contra-cycliques, ce qui a atténué l'impact de la crise", souligne-t-on encore. En outre, les PEA ont constaté que la crise économique mondiale a porté "un coup d'arrêt brutal" à un épisode de développement relativement soutenu dans le continent, précisant que "la croissance a été laminée, passant d'un taux moyen d'environ 6% en 2006-2008, à 2,5 % en 2009", alors que le produit intérieur brut (PIB) par habitant a été "pratiquement au point mort" durant cette période. "Malgré le rebond de la croissance l'année prochaine, la crise pourrait rendre plus difficile pour les gouvernements de répondre à l'Objectif du Millénaire de réduire de moitié le nombre de personnes vivant dans la pauvreté en Afrique d'ici 2015", lit-on, par ailleurs, dans les PEA. De son côté, le directeur du département de recherche du développement à la BAD, M. Léonce Ndikumana, a averti que "la perspective d'une reprise seulement modérée dans un certain nombre de pays africains rend encore plus urgent, la nécessité de s'attaquer aux problèmes structurels qui existaient avant même la crise mondiale". Selon le même responsable, ces problèmes structurels "ont réduit le potentiel de croissance et conduit à des niveaux élevés de pauvreté".