La France n'entend visiblement pas déroger à la vieille tradition qui lui impose de rester prudente concernant ses prises de position sur la Tunisie. Les autorités françaises, qui se sont récemment empressées de condamner de la manière la plus énergique le maintien au pouvoir en Côte d'Ivoire de Laurent Gbagbo, n'ont par contre pas hésité à soutenir le dictateur tunisien Zine El Abidine Ben Ali. Cela même quand celui-ci se rend responsable d'un carnage et de violer massivement les droits de l'homme. Hier, le gouvernement de François Fillon s'est encore limité à «déplorer les violences» qui ont fait en trois jours une cinquantaine de morts, selon la FIDH. La ministre française des Affaires étrangères, Mme Michèle Alliot-Marie, a affirmé, en effet, qu'«on ne peut que déplorer les violences» sont survenues dans des manifestations, proposant le savoir-faire français à la police tunisienne pour «régler les situations sécuritaires». Critiquée devant l'Assemblée nationale par l'opposition sur l'extrême retenue de la réaction française face à la répression en Tunisie, Mme Alliot-Marie a répondu avec flegme : «Plutôt que de lancer des anathèmes, je crois que notre devoir est de faire une analyse sereine et objective de la situation. On ne peut que déplorer qu'il puisse y avoir des violences qui concernent ces peuples amis», a-t-elle dit. Et d'ajouter : «La priorité doit aller à l'apaisement après des affrontements qui ont fait des morts.» Mme Alliot-Marie qui semble ainsi réduire le problème de la contestation sociale en Tunisie à un manque d'expérience de la police de Ben Ali et à une question de sécurité publique a souligné, par ailleurs, que le «premier message» de la France «doit être celui de l'amitié» entre les peuples français et tunisien. «On ne doit pas s'ériger en donneurs de leçons face à une situation complexe», a-t-elle ajouté. Alors les dirigeants sont-ils vraiment chouchous de la France ? Certainement !