A Constantine, les plus grands perdants suite à la décision de plafonnement des prix du sucre et de l'huile par le gouvernement sont les grossistes et, à des degrés moindres, les commerçants de détail. Certains d'entre eux affirment qu'ils ont perdu de grosses sommes, notamment pour la bonbonne d'huile cédée actuellement à 600 DA ; elle a même été proposée, hier, à 550 DA dans la ville de Hamma Bouziane, située à 12 km au nord de Constantine. «Avant le début de l'année, nous avons acheté la bonbonne de 5 litres à 690 DA pour la revendre quelques jours seulement après, à 600 DA, soit une perte sèche de 90 DA et nous ne serons même pas remboursés», affirme un grossiste installé dans la banlieue de la ville. Ce dernier reconnaît que «la plupart des grossistes qui achètent des quantités importantes d'huile et de sucre en contrepartie d'un simple bon de livraison se trouvent ainsi privés de remboursement, conformément à la décision du gouvernement». Cette décision stipule clairement que les grossistes percevront la différence entre le prix d'achat et le prix de vente auprès des producteurs et des importateurs sur présentation des factures. Les dépositaires ont refusé tout remboursement sans la présentation des factures. Le non-établissement de ces documents comptables est, pour certains grossistes interrogés, une façon d'éviter une augmentation du prix de revient de la bonbonne d'huile en éliminant les taxes, mais cette pratique n'est autre qu'une forme d'évasion fiscale. «Nous avons écoulé toute la marchandise en quelques jours pour éviter d'autres pertes, surtout que certains dépositaires dans la wilaya de Constantine, représentant les principaux producteurs d'huile en Algérie, ont depuis quelques jours préféré livrer directement aux grandes surfaces et à plusieurs détaillants dans la ville au prix de gros, ce qui est en soi une forme de concurrence déloyale», regrette un autre grossiste. C'est ce qui explique en fait que les prix du sucre et de l'huile dans ces lieux soient respectés, même si leur disponibilité n'est pas assurée dans tous les quartiers. Hier, au centre-ville de Constantine, certaines marques d'huile de table étaient quasiment introuvables. Seul le produit d'un grand industriel est encore sur les étals, mais jusqu'à quand ?