Les revenus du secteur informel représenteraient environ 13% du PIB hors hydrocarbures, soit 300 à 600 milliards de dinars. Depuis la libéralisation du commerce extérieur, le marché informel s'est progressivement développé, se nourrissant de l'explosion du nombre de marchandises importées et du manque de moyens de contrôle coercitif de l'Etat, pour accaparer une très grande part de marché, tous secteurs confondus. Plus de 50% des marchandises sont écoulées dans le circuit informel, selon l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) alors que l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) évalue à un million le nombre d'opérateurs ne déclarant pas leurs activités. Une excroissance qui a fini par étouffer l'économie réelle et occasionner un énorme manque à gagner au Trésor public. Le gouvernement qui tente depuis quelque temps de mettre le holà par le biais de mesures relatives au mode de paiement par chèque, à la durée du registre de commerce, à la publication de comptes sociaux, etc., a d'ailleurs mesuré à ses dépens, lors de la hausse subite des prix du sucre et de l'huile, le poids des «parrains» des circuits informels. L'Exécutif, qui a dû reculer pour éviter l'explosion sociale, accuse le coup et se voit dans l'obligation de mettre la main à la poche pour débourser quelque 30 milliards de dinars pour juguler la crise. Une situation inédite qui est aussi le résultat de dizaines d'années de laisser-faire et de désorganisation du marché. Des dysfonctionnements qui ont permis, au vu et au su de tous, au marché noir de grossir en accaparant des millions de tonnes de marchandises importées. En toute impunité, une organisation commerciale informelle s'est constituée entre importateurs, grossistes, revendeurs et détaillants. Tous travaillant sans facturation et s'accommodant de quelques descentes de vérification, de saisies et de fermetures de locaux. Manque de contrôle donc, mais aussi corruption et entraves bureaucratiques à la création d'entreprises ont favorisé l'émergence de cette économie parallèle face à laquelle tous les efforts d'investissements productifs sont voués à l'échec. Selon une étude commandée en 2009 par le Forum des chefs d'entreprises (FCE), les revenus du secteur informel représenteraient environ 13% du PIB hors hydrocarbures, soit 300 à 600 milliards de dinars. Un montant qui représente 17% de l'ensemble des revenus primaires nets des ménages. Le FCE estime également que la perte de recettes budgétaires et de recettes serait de l'ordre de 42 milliards de dinars pour l'IRG, 22 milliards de dinars pour la TVA et 120 milliards de dinars pour les prélèvements de sécurité sociale. L'évasion fiscale est estimée par ailleurs par l'UGCAA à plus de 200 milliards de dinars par an, soit l'équivalent de 3 milliards de dollars de perte sèche pour le Trésor public. Une réalité qui a poussé, entre autres, le gouvernement à prendre la décision de recourir à la monnaie scripturale (chèque ou carte bancaire) pour tout paiement supérieur à 500 000 DA à partir de mars 2011. Une mesure qui bouscule certains intérêts dans les milieux commerciaux occultes, habitués à échanger des liasses de billets en dinars et en devises grâce au marché parallèle. Pour mesurer l'ampleur du fléau, il est à noter que le montant des ventes sans facture constatées par les brigades de contrôle des pratiques commerciales relevant du ministère du Commerce s'est établi à quelque 60 milliards de dinars en 2009. Un chiffre qui ne représente que la partie visible de l'iceberg.