Un phénomène inquiétant, expression de l'extrémisme islamiste, est en train de se développer en prenant pour cible, jusque-là, une centaine de tombes dans différents cimetières dans la wilaya de Béjaïa. En l'espace d'une dizaine de jours, pas moins de trois cimetières ont été profanés dans un périmètre de quelques dizaines de kilomètres dans la vallée de la Soummam. Le dernier en date est celui d'un petit village dans la commune de Tibane, 50 km à l'ouest de Béjaïa. Dans la nuit de lundi à mardi derniers, alors que l'attention des populations est absorbée par les émeutes qui secouaient toute la région, des personnes se sont introduites dans le cimetière de Tighilt pour y profaner des tombes. Le lendemain, à l'aube, des femmes du village s'y sont rendues pour se recueillir sur la tombe de leurs proches. Le choc était grand : 22 tombes venaient d'être profanées. Elles ont pleuré devant ce sacrilège qu'elles n'ont jamais eu à vivre dans toute la vie de ce paisible village de la petite commune rurale de Tifra. Les profanateurs ont agi de la même façon que lors de leurs précédents forfaits : saccage de toutes les plaques épitaphes en marbre. Il s'agirait d'un groupe d'extrémistes islamistes qui expriment de la sorte leur opposition à la construction des tombes. La veille de cette profanation, les villageois ont accouru pour circonscrire un feu qui a failli ravager le même cimetière. «Nous condamnons énergiquement cet acte. Alors que nous étions occupés à œuvrer pour éviter un bain de sang lors des émeutes qui ont éclaté ces jours-ci, nous avons été surpris par la découverte d'un cimetière profané par je ne sais qui ?», nous déclare M. Zahir Attouche, le P/APC de Tibane. Selon lui, les auteurs seraient des personnes étrangères à la région. Suite à une plainte déposée par l'APC, les éléments de la brigade de gendarmerie de Sidi Aïch se sont déplacés sur les lieux pour faire le constat et entamer son enquête. C'est la troisième du genre après celle enclenchée au lendemain de la profanation de 53 tombes dans le cimetière Sidi Belkacem de Remila, à la sortie nord de Sidi Aïch. Deux jours plus tôt, une vingtaine de tombes dans un cimetière aux alentours de la ville de Sidi Aïch ont reçu la visite des profanateurs récidivistes que les services de sécurité recherchent.