Lieux de débauche Constat n Quand on voit l'état de nos cimetières et le flagrant manque d'entretien et d'hygiène, on appréhende, et ce n'est pas de l'humour noir, le moment où on devra y reposer. Un cimetière est un terrain public et sacré où l'on enterre les morts. Cet endroit doit ainsi être respecté, propre et clôturé pour protéger les tombes de nos proches et nos ancêtres qui y reposent, de la dégradation qui pourrait résulter de l'insouciance des gens et même de la profanation à laquelle s'adonnent certaines personnes. Toutefois la réalité est tout autre. En effet, beaucoup de cimetières, même ceux où sont enterrés des chouhada de la Guerre de Libération nationale sont à l'abandon, il y en a même certains qui sont devenus, avec le temps, de véritables savanes où pousse de la broussaille dépassant, dans certains cas, les 50 cm. Sans parler des bouteilles en plastique et des sachets de différentes couleurs qu'emporte le vent d'un coin à un autre. Le non-respect des cimetières et des tombes est un non-respect des personnes qui y sont enterrées. En Islam, il est strictement interdit de marcher sur des tombes par respect aux personnes mortes, cependant, nous assistons quotidiennement, dans certaines régions du pays, à des spectacles désolants. Certains cimetières sont devenus des endroits de rendez-vous intimes, d'autres des endroits idéaux pour s'adonner à la consommation d'alcool, de stupéfiants et même pour jouer aux jeux de hasard. Le comble est que toutes ces pratiques se font au vu et au su des autorités qui ne bougent pas le petit doigt pour mettre un terme à ces transgressions. Plusieurs appels de détresse ont été lancés à qui de droit pour intervenir et tenter d'assainir ces lieux mais sans suite. Là où vous passez, dans ce qui ressemble à des allées, vous trouverez des bouteilles en plastique qui jonchent le sol, des sachets de différentes couleurs, des herbes sauvages et toutes sortes de déchets. Dans le passé les visiteurs utilisaient un peu d'eau et des bouts de tissu pour nettoyer les tombes, maintenant ils prennent avec eux des bouteilles en plastique qu'ils jettent n'importe où au cimetière après les avoir vidées. Ainsi, des centaines de bouteilles sont éparpillées un peu partout. Par ailleurs, la création de nouveaux espaces s'avère nécessaire vu que certains cimetières sont déjà saturés et que des communes de la périphérie n'en disposent même pas. Beaucoup de cimetières sont trop sollicités, comme celui d'El-Kettar qui accueille plus de 80 000 tombes. Celui de Sidi M'hamed à Belouizdad, qui a plus de cent ans, est actuellement saturé. Un plan de charge de l'établissement de la wilaya prévoit la réhabilitation de certains cimetières. Ceux des autres confessions (6 chrétiens et 1 israélite) ont été pris en charge aussi par l'Epic de wilaya. Des enveloppes conséquentes ont été aussi consacrées à ces différents projets, 30 millions de dinars pour le cimetière de Bologhine, presque 40 millions de dinars pour les cimetières Bru et d'Hussein Dey. Madjid Dahoumane